BERGERON-GAUDIN Jean-Vincent (Canada) – jvbgaudin@yahoo.ca

Au Québec, l'usage de l'action collective dans l'intervention sociale est nommé de plusieurs façons : organisation communautaire, intervention collective, intervention auprès des communautés, action communautaire, autant de termes qui ont chacun leurs particularités, mais qui désignent des pratiques apparentées, voire similaires. La littérature dans ce domaine a connu un développement soutenu depuis les années 1990. Dans la foulée des travaux de Rothman sur le community organizing aux États-Unis, plusieurs auteurs québécois, principalement en travail social, ont tenté de modéliser et de classifier les différentes pratiques associées à ce mode d'intervention (Lavoie et Raymond, 2014; Bourque et al., 2007). D'autres se sont plutôt intéressés à la professionnalisation de cette approche à travers la création de postes d'organisateur communautaire dans le secteur public et les milieux associatifs (Bourque, 2012; Comeau et al., 2008). D'autres encore se sont penchés sur le rôle de l'organisation communautaire dans la réduction des inégalités et la transformation sociale (Gaudreau, 2013; Shragge, 2007). Étonnamment, peu d'auteurs travaillant sur le sujet se sont attardés aux processus de mobilisation et aux facteurs qui favorisent l'action collective, des questions pourtant centrales dans l'étude des mouvements sociaux en sociologie et en science politique. De fait, à l'exception de quelques écrits (Comeau, 2012; Duperré, 2008), la littérature sur l'organisation communautaire fait très peu référence aux théories élaborées par ces disciplines pour comprendre l'action collective. Cette communication vient en partie combler cette lacune, en proposant un dialogue entre les principaux travaux sur l'organisation communautaire et un certain nombre de concepts théoriques sur l'action collective au sein des mouvements sociaux. En nous appuyant sur une recension des écrits sur l'organisation communautaire au Québec au cours des vingt dernières années, nous ferons dans un premier temps un survol des connaissances sur ce mode d'intervention afin d'en identifier les zones d'ombre. Partant des critiques formulées, nous présenterons dans un deuxième temps des pistes de réflexion pour renouveler les perspectives sur l'organisation communautaire, en utilisant les outils théoriques plus classiques sur l'action collective (ressources, opportunités politiques, cadrage, etc.) et en nous concentrant principalement sur les facteurs de mobilisation. Une attention particulière sera accordée à la façon dont l'usage de l'action collective dans l'intervention sociale peut favoriser la recomposition des solidarités, en réfléchissant notamment à partir des concepts d'identité collective (Melucci, 1996) et de culture de solidarité (Fantasia, 1988).

Action collective, Mouvement social, Solidarité