Formes de solidarités collectives dans l’intervention auprès des jeunes à risque : l’expérience de la Péninsule Acadienne, région rurale du Nouveau-Brunswick.

Année : 2017

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

PELLAND Marie-Andrée (Canada) – marie-andree.pelland@umoncton.ca

Résumé :

Depuis les vingt dernières années, les organismes communautaires, publics et parapublics de la Péninsule acadienne, région rurale du Nouveau-Brunswick Canada, ont développé des stratégies d’intervention concertées auprès des jeunes à risque de délinquance. Cette présentation a pour but de comprendre comment les actions concertées ont favorisé le développement de solidarités communautaires pour venir en aide aux jeunes à risque. Pourquoi les modes d’intervention et les formes de solidarités construites dans cette communauté doivent-ils faire l’objet d’une analyse ? Comme l’a reconnu le Bureau du défenseur des enfants et de la jeunesse (Bossé, 2015), le Nouveau-Brunswick présente l’un des taux d’incarcération des adolescents les plus élevés au Canada (8,45 pour 10 000 jeunes âgés de 12 à 17 ans en 2011) après le Manitoba (29,29 pour 10 000 jeunes âgés de 12 à 17 ans en 2011) (Dauvergne, 2013). Malgré un taux provincial élevé, la Péninsule Acadienne incarcère peu d’adolescents. Par exemple, en 2015 un seul jeune a été incarcéré pour une durée de 0,5 jour (Gouvernement du Nouveau-Brunswick, 2016). Considérant que l’incarcération d’un adolescent peut être un facteur d’engagement dans une trajectoire criminelle adulte (Sawyer, et coll., 2015), il devient important de comprendre comment cette communauté s’organise pour penser l’intervention autrement.

Les recherches dans le champ de la criminologie (LeBlanc, 2010; Farrington, 2007), du travail social (Hawkins et coll., 2014) et de la psychologie (Moffit, 2006; Farrington & Loeber, 2013) s’intéressent à reconnaitre les facteurs de risques liés à la délinquance juvénile et les programmes d’intervention qui connaissent un certain succès. Ainsi, au cours des dernières années, les résultats de recherches tendent à identifier les programmes qui permettent de minimiser les effets de certains facteurs de risque chez les adolescents en favorisant la réduction de la récidive ou encore en prévenant l’apparition de conduites antisociales chez cette population (Andrew et Bonta, 2014).Toutefois, peu de recherche analyse le rôle des communautés et des solidarités dans le succès de ces programmes (Kelly, 2012).

Afin de mieux comprendre les formes de collaborations et de solidarités, trois stratégies de cueillettes de données ont été réalisées. D’une part, les documents explicatifs des différentes stratégies d’intervention ont été colligés et analysés. D’autre part, une trentaine d’entretiens semi-directifs ont été réalisés auprès des intervenants et des gestionnaires de programmes qui ont collaboré de près ou de loin à différentes stratégies d’intervention dans cette région. Enfin, des observations participantes ont été réalisées durant différentes stratégies d’intervention et pendant des rencontres de mobilisation et d’organisation afin de comprendre la dynamique et la philosophie qui marquent l’intervention auprès des jeunes à risque dans la Péninsule Acadienne.

Les résultats de ce projet veulent contribuer aux interrogations formulées par l’axe deux portant sur les expérimentations et la mise en œuvre des solidarités. Les actions concertées dans cette région ont commencé par une préoccupation des intervenants à vouloir contrer l’exode des jeunes vers les centres urbains. Cette mise en commun des efforts a donné lieu au développement d’une structure organisationnelle permettant de réfléchir aux différentes problématiques que vivent les jeunes de cette région. Les jeunes à risques ont donc constitué une population auprès de laquelle il semblait nécessaire d’agir et des projets ponctuels ont été mis sur pied. Cette concertation entre les intervenants a créé des solidarités qui progressivement contribuent à la construction d’une vision d’intervention commune auprès des jeunes à risque. La présentation permettra d’approfondir le développement de ces solidarités et leurs conséquences sur la communauté et les jeunes à risque.

Mots clés :

Solidarité de proximité, Zone rural, Action alternative

← Retour à la liste des articles