PARIS Sabie (Canada) – esp6447@umoncton.ca

Depuis ces trois dernières décennies, on observe une préoccupation étatique manifestée à l’égard des personnes handicapées en vue de réglementer leur insertion socioprofessionnelle ainsi que leur maintien sur le marché du travail. À cet effet, des lois ont été signées en France et au Canada pour encourager, inciter voire même contraindre d’une part les employeurs à embaucher cette catégorie (Coulibaly, 2003 ; Gallant, 2009) et d’autre part faire rayonner une image plus positive de la thématique du handicap à la société. Cette politique volontariste, quoique limité dans les faits, a permis une plus grande ouverture à l’endroit des personnes handicapées certes. Mais, le sort des femmes ayant des incapacités physiques a été négligé de ce projet. On assiste à une sorte de neutralisation des représentations de genre qui renforce l’activation des stéréotypes de genre. Or, les études montrent que le marché du travail est hostile à l’embauche des femmes sans incapacité (Fawcett, 2000 ; kuehni et al, 2013 ; Bechrouri et al, 2016) ; car, reposant sur la division sexuelle du travail (kergoat, 2004). Les difficultés sont aussi de taille pour les personnes handicapées quoique les efforts de politique volontariste entrepris (Coulibaly, 2003 ; Gallant, 2009, Lirette, 2012). De fait, être à la fois femmes et vivant avec une incapacité se révèle encore plus compliqué. Le peu d’étude recensé nous a permis de voir qu’elles ont le taux le moins représentatif sur le marché du travail et sont les plus férocement exploitées par les employeurs en termes de traitement salarial (Beleza, 2003 ; AFHM et AFHQ, 2011). Toutefois, ces données, de nature quantitative, n’ont fait que rapporter des aspects superficiels de la réalité de ces femmes.

Inscrit dans le paradigme qualitatif, cette recherche se donne pour objectif de comprendre l’expérience et la trajectoire des femmes handicapées en milieu de travail dans la ville de Moncton durant ces cinq dernières années. Découlant de cette question de recherche que voici : en quoi le milieu de travail des femmes handicapées de Moncton participant à l’étude leur ont-elles permis de poursuivre un cheminement professionnel et une expérience réussie durant ces cinq dernières années? Dans un souci d’exploration, un tel travail saura faire avancer la recherche scientifique réalisée sur les femmes handicapées en repérant l’interprétation que font ces femmes de leurs propres réalités durant leur cheminement de travail.

Lequel cheminement sera étudié à la lumière de l’analyse intersectionnelle ou de l’intersectionnalité pour comprendre l’entrecroisement de plusieurs axes d’oppression que vivent ces femmes. En effet, le concept d’intersectionnalité a été proposé par Crenshaw Kimberlé en 1989 afin de saisir la variété des interactions des rapports de genre et de race, au plus près de la réalité même des expériences des femmes afro-américaines », (Maillé, 2014, p.43). Un tel cadre d’analyse pourrait aussi nous aider à la construction d’un modèle d’intervention tant sur le plan de l’accompagnement de ces femmes que sur celui de la sensibilisation des acteurs concernées. Finalement, grâce aux techniques d’entretien semi-directif, d’observation participante, de conversation informelle et de notes de terrain pour recueillir les données, une douzaine de femmes ayant des incapacités physiques qui travaillent depuis 2010 dans la région de Moncton seront sollicitée. Sur une période d’un trimestre suite à l’acceptation de notre candidature, les données seront recueillies, traitées et seront mis à la disposition du grand public intéressé à continuer à faire avancer la recherche dans ce domaine.

Utilité sociale, Solidarité, Service de proximité