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L’« Ecole des Mamans » : un dispositif genevois novateur pour favoriser la participation sociale des familles à l’école

Année : 2017

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

SCALAMBRIN Laure (Suisse) – laure.scalambrin@eesp.ch

Résumé :

Sous l’impulsion de nouvelles politiques éducatives de lutte contre les inégalités scolaires, le canton de Genève a vu naître au début des années 2000 le premier réseau d’éducation prioritaire (REP) en Suisse visant à renforcer la relation entre les familles et l’école en milieux populaires (DIP 2006). De nouveaux acteurs extrascolaires ont fait leur entrée dans le monde de l’école tels que les éducateurs sociaux, tenant un rôle de médiateur entre les familles et l’école (Delay 2011), et de nouveaux dispositifs institutionnels ont vu le jour dans les établissements REP, accueillant majoritairement des populations issues de milieux sociaux défavorisés et de la migration. Ces dispositifs, mis en place dans et autour de l’école genevoise, visent par exemple la prise en charge individualisée de la difficulté scolaire (mandat des enseignantes chargées de soutien pédagogique et des enseignantes titulaires, notamment) ou le traitement de l’inadaptation sociale à travers des actions éducatives destinées aux enfants et à leur famille (mandat des éducateurs sociaux) (Giuliani & Payet 2014). Alors que ces dispositifs sont centrés principalement sur l’enfant, d’autres sont dédiés au soutien des parents. Ainsi au cœur de l’école, un espace où les familles sont traditionnellement considérées comme indésirables (Giuliani & Pelhate 2015), une « Ecole des Mamans » a été crée destinée aux mères migrantes désireuses d’apprendre le français, sur l’initiative d’éducateurs sociaux notamment. L’idée portée est celle de faire de l’école un lieu d’intégration sociale pour les familles également. Au départ, il s’agit de permettre aux mères allophones isolées socialement et issues de milieux sociaux défavorisés de suivre des cours intensifs gratuitement dans l’école de leur enfant durant le temps scolaire (Périer 2015). En contrepartie, ces dernières s’engagent à préparer ponctuellement un repas qui est partagé avec les familles du quartier et les différents acteurs de l’école (enseignants, éducateur, direction, élèves).
Cette contribution interroge la genèse, les objectifs ainsi que les effets d’un tel dispositif pensé et conçu institutionnellement pour consolider les relations avec les familles estimées par les professionnels de l’éducation comme éloignées de l’institution scolaire ou « scolairement [peu] investies » (Monceau 2014 : 73) et pour favoriser leur participation sociale à l’école. A travers l’analyse d’un corpus hétérogène (observations in situ de repas n=3, entretiens compréhensifs auprès de familles, de professionnels de l’éducation et l’enseignante de français n=9), les résultats de cette étude de type ethnographique et exploratoire (Becker 2002, Beaud & Weber 2008) montrent une triple logique de renforcement du dispositif « Ecole des Mamans » : (1) un renforcement des compétences langagières et communicationnelles, (2) un renforcement d’inscription et de participation sociales des mères allophones au sein de la vie scolaire et du quartier et (3) un renforcement des liens entre les familles et l’école.

Mots clés :

Egalité de chance, Secteur socio-éducatif, Service de proximité

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