OUENSAVI Roger (Bénin) – ouenro2006@yahoo.fr

Dans le local et le collectif, la fonctionnalité des solidarités se trouve contrariée à chaque niveau de décision engageant la vie, le bien-être des communautés/collectifs vulnérables (femmes et enfants surtout). Dans le contexte de décentralisation/déconcentration où les solidarités horizontales devraient aider à construire, reconstruire celles verticales, les illusions sont totales. Cette approche de transfert des compétences aux collectivités locales décentralisées vise la territorialisation des solidarités et leur effectivité. L’analyse des évolutions récentes de l’activité sociale (en matière de protection de l’enfant prioritairement) au Bénin puis en Afrique de l’Ouest de façon globale fait apparaître les contradictions entre l’irréalisme des textes de lois, le vécu des populations vulnérables : les enfants surtout. Tel est l’objet de la présente communication. Le positionnement des intervenants sociaux en tant qu’inverseur de cette spirale de vulnérabilité pernicieuse est questionné à l’heure où vulnérabilités existentielles alimentent les nouvelles déviances au sein de la jeunesse. Dans un contexte d’enchevêtrement des mécanismes et modalités de solidarité le travailleur social a pour vocation première de les désenchevêtrer avant d’œuvrer à leur modélisation non sans entraves. Comment fonctionnent les mécanismes de solidarité au niveau local (villages, hameaux, arrondissements, mairie) ? Au niveau collectif (préfecture, Etat, Partenaires Techniques et Financiers, Organisation de la Société Civile) ? A quel niveau sont-elles bien ou mal appropriées ? L’analyse s’appuie sur les textes de loi régissant la décentralisation au Bénin, sur la cartographie du système de protection sociale au Bénin, le Code de l’enfant à travers une revue du dispositif de protection sociale prévue, son effectivité avec ou sans les intervenants sociaux. Que sont, ou deviennent les solidarités sans les acteurs du travail social novateur ? Au niveau local, après bientôt deux décennies de décentralisation au Bénin, les solidarités peinent à se mettre en place. La politique dicte toujours sa loi au détriment des textes régissant la décentralisation et le fonctionnement des collectivités locales décentralisées. Les attentes des communautés défavorisées ne cessent de croître. Les contenus stéréotypés et irréalistes des plans de développement communaux jamais évalués qui viseraient leur bien-être ne sont que purs formalités. La loi sur la décentralisation au Bénin prévoit tous les mécanismes de solidarité intra et extra communaux. Sur les soixante-dix sept communes et les trois villes à statut particulier que compte le pays, l’intercommunalité n’est relativement effective que dans quelques départements. Les politiques de coopération décentralisées à plus forte raison. Les différents modes de solidarités prônés et véhiculés par la décentralisation/ déconcentration ne sont toujours pas effectifs. La place des collectifs vulnérables (femmes/enfants, communautés vivant dans l’extrême précarité, les mineurs migrants..) au sein des politiques de développement locales est souvent noyée dans les flots de vision soit-disant prospective de lutte contre de la pauvreté.

Solidarité de proximité, Territorialisation, Société civile