La vie associative de la communauté de pratique en travail de rue : maillon d’une chaîne de solidarités avec les populations marginalisées
Année : 2017
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
Richard Steve (Canada) – rapj@rapjeunesse.com
LACHARITÉ FRANCIS (Canada) – francis.lacharite@hotmail.com
WAGNER Gabriel (Canada) – gabriel.wagner.1@ulaval.ca
Résumé :
Cette communication propose de décrire comment la toile de solidarités professionnelles et organisationnelles qui anime la vie associative entre acteurs en travail de rue participe à l’actualisation d’une pratique d’intervention sociale génératrice de solidarités de proximité au sein des communautés.
Selon Lamoureux (1994), le travail de rue a émergé au Québec au début des années 1970 avec la vocation de combler le «chaînon manquant» entre les services sociaux et les adolescents et jeunes adultes plus ou moins marginalisés. Après cette période de popularité, le travail de rue a connu une phase plus «underground» au cours des années 1980, pour ensuite prendre graduellement de plus en plus de place dans le paysage sociosanitaire (Richard, 2015). Fondé sur un mouvement «d’aller vers» les populations marginalisées (Baillergeau, 2016), le travail de rue gagne en reconnaissance de la part de l’État qui voit dans ce mode d’intervention de proximité (Clément et al, 2009) une manière de prolonger en marge sa responsabilité de répondre aux besoins des citoyens « qui n’ont plus la force de réclamer » diraient Céfaï et Gardella (2011 : 39). Cette forme d’intervention est aussi reconnue pour le potentiel qu’elle exerce comme vecteur de solidarités en faveur des populations marginalisées à travers le partage de leur quotidienneté et l’accompagnement vers leur mieux-être ainsi que par la favorisation de l’entraide, de la médiation et de la collaboration dans la communauté (Castillo Gonzalez, Marion et Saulnier, 2015; Cheval, 2001; Davoine-Tousignant et Masson, 2015; de Boevé et Giraldi, 2010; Fontaine, 2011a, 2011b, 2013, 2016; Martel, 2008).
Les auteurs de cette communication s’intéressent au rôle joué dans cette évolution du travail de rue par le tissage de solidarités qui s’étend et se consolide entre les acteurs concernés depuis plus de 25 ans au sein de trois principales structures associatives : l’Association des travailleurs et travailleuses de rue du Québec (ATTRueQ), né en 1993 avec une vingtaine de membres et qui compte désormais plus de 200 membres; le Regroupement des organismes communautaires québécois pour le travail de rue (ROCQTR), fondé en 2007 par près d’une vingtaine d’organismes et qui réunit maintenant une quarantaine d’organisations; enfin, le Réseau international des travailleurs sociaux de rue - Street Workers Network, créé en 2001 et coordonné par Dynamo international, qui réseaute des plateformes nationales d’une quarantaine de pays. Après avoir brièvement illustré les formes de solidarités institutionnelles, communautaires et interpersonnelles que peut activer le travail de rue dans un territoire, cette communication exposera les manières dont la vie associative de cette communauté de pratique participe à la mise en place et à l’entretien des conditions favorables au déploiement du potentiel de cette forme d’intervention (Fontaine et Wagner, 2017). Nous verrons ainsi comment les espaces associatifs que constituent l’ATTRueQ, le ROCQTR et le réseau international des travailleurs sociaux de rue représentent des espaces d’entraide, de ressourcement, de formation, de régulation et de reconnaissance mutuelles ainsi que des lieux de mobilisation où consolider la force d’élaboration stratégique et d’interpellation politique de ces acteurs, que ce soit sur le plan des revendications en faveur des personnes en situation d’exclusion ou de la promotion de la reconnaissance et du développement du travail de rue (Fontaine, dir. 2010; Richard, 2015).
Partant de faits saillants et d’exemples tirés de l’expérience de cette vie associative professionnelle et organisationnelle, aux échelles locale, régionale, nationale et internationale, les présentateurs mettront en lumière quelques-uns des leviers de solidarité qui animent leur communauté de pratique ainsi que quelques défis auxquels font face ces organisations où se croisent des acteurs dont les conditions de vie et d’exercice professionnel sont apriori fort hétérogènes.
Mots clés :
Action communautaire, Solidarité de proximité, Approche globale
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