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L’intervention sociale à l’ère de la nouvelle gestion publique : un nouveau laboratoire du social

Année : 2017

Thème : Conférence plénière Montréal

Type : Autre (poster, ...)

Auteur(s) :

BRESSON Maryse (France) – maryse.bresson@uvsq.fr

Résumé :

Dans un contexte de montée des incertitudes (selon la formule de Castel, 2009), l’efficacité des solidarités publiques et simultanément, la recomposition des solidarités collectives pour pallier les difficultés des individus et des groupes s’imposent comme des questions majeures sur l’agenda des politiques mondiales. Définie comme un ensemble de principes et de recommandations d’inspiration néolibérale et néo-managériale qui transforment les Etats providences depuis les années 1970, la nouvelle gestion publique s’applique au travail social et aux services sociaux (Bellot, Bresson, Jetté, 2013).
Aussi, l’intervention sociale à l’ère de la NGP constitue-t-elle un révélateur de la recomposition des modèles de solidarités, en même temps qu’elle contribue à les produire. Nous inspirant de la formule fameuse de Robert Park dans The City (1925) nous proposons de considérer l’intervention sociale comme un laboratoire de recherche sur le « nouveau social » que la NGP fait émerger.

1.L’intervention sociale à l’heure de la NGP : Quelles transformations ?
La Nouvelle Gestion publique (en anglais New Public Management) trouve son origine dans les idées néo-libérales des années 1970 : « elle fait partie d’un ensemble de recommandations destinées à mettre fin à des formes d’Etat providence jugées illégitimes et productrices d’effets anti-économiques » (Merrien, 1999). Son principe fondamental repose sur la négation d’une différence de nature entre gestion publique et gestion privée. De plus, elle réclame un meilleur partage des rôles entre le pouvoir politique : qui prend les décisions stratégiques, fixe les objectifs et l'administration ou le gestionnaire : qui prend les décisions opérationnelles. Ces recommandations sont justifiées par l’objectif d'améliorer le rapport coût/efficacité du service. Les citoyens sont considérés comme des consommateurs de services publics.
Ces orientations toutefois ne sont-elles pas destructrices des valeurs même du social, à travers sa discrète chalandisation (Chauvière, 2005) ? Que signifie le management par les dispositifs ou le « management désincarné » (Dujarier, 2015) dans un secteur censé revitaliser les relations sociales ? L’intervention sociale comme secteur d’activité n’est-elle pas elle-même aux prises avec la déshumanisation ? (Linhart, 2015)
2. L’intervention sociale comme laboratoire de recherche d’un « nouveau social »

Les nouvelles solidarités publiques se réorganisent aujourd’hui à partir des mots d’ordre de l’individualisation et la territorialisation, au travers des réponses apportées à la crise des régulations sectorielles. Pourtant la protection sociale est à la fois une réponse aux crises et une forme de solidarité elle-même en crise.
Par ailleurs, la thématique des solidarités privées est nécessairement présente à travers l’idée même de NGP : le rapprochement avec le secteur marchand n’est pas seul en cause. Y-a-t-il substitution ou complémentarité des différents types de solidarités (familiales, intergénérationnelles) ? Les réformes engagées encouragent et contribuent aussi au brouillage des distinctions privé/public au sens : individuel/collectif, intime/institutionnel, comme l’illustre le développement des services à domicile aux personnes âgées et aux personnes handicapées dans le cadre de nouveaux arrangements institutionnels (Lenzi, 2015 ; Bresson, Dumais 2017)

Plus généralement à travers les réformes qui visent à mettre en cause une « société d’assistanat » en légitimant les objectifs de responsabilisation et d’autonomisation des individus ou encore, de désinstitutionnalisation, s’observe une recomposition des solidarités promouvant en réalité des figures plurielles de l’individu et des contenus pluriels du « lien social ». Mais cette décomposition/recomposition semble inachevée, parce qu’elle laisse en suspens l’enjeu d’un nouveau fondement de la cohésion sociale au singulier.

Mots clés :

Solidarité, Solidarité, Solidarité

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