La reconnaissance : une piste pour accompagner la sortie de la rue

Année : 2017

Thème : Carrefour des savoirs : Sortir de la rue, s’en sortir de la rue, s’en sortir dans la rue. Quelles solidarités possibles ?

Type : Autre (poster, ...)

Auteur(s) :

COLOMBO Annamaria (Suisse) – annamaria.colombo@hefr.ch

Résumé :

Comment accompagner la sortie de la rue ? Comment comprendre que des programmes d’intervention aident certaines personnes à sortir de la marginalité, mais qu’ils ne représentent pas une aide significative pour d’autres ? Comment expliquer que certaines personnes soient demandeuses d’une aide, alors que d’autres, apparemment dans la même situation, semblent fuir toute relation d’aide ?

Une recherche que j’ai menée auprès de jeunes qui ont vécu dans la rue et qui s’en sont sortis m’a permis de rendre compte de la diversité des trajectoires de sortie de ces jeunes, aujourd’hui étudiant, travailleur social, gérante de bistrot, mère au foyer, doctorante ou encore assisté social. Ils ont passé en moyenne six ans dans les rues de Montréal ou d’autres villes canadiennes, à consommer des drogues, se prostituer, mendier, nettoyer les pare-brise des voitures ou encore vendre de la drogue. Ils y ont développé des relations dans lesquelles ils se sont sentis davantage reconnus que dans leur famille ; d’autres interactions n’ont fait que renforcer leur sentiment d’être abandonnés ou que leur existence ne valait pas la peine d’être vécue. Tous, ils ont rencontré des personnes significatives qui ont su croire en leur capacité à s’en sortir : un intervenant social, un prêtre, une enseignante, une voisine, un oncle, voire même des amis de rue ou un client de prostitution. Mieux comprendre le sens de ces trajectoires de sorties pour les jeunes eux-mêmes permet de comprendre qu’il n’y a pas de recette miracle pour les « sortir de la rue », mais que leur accompagnement ne peut « marcher » que s’il correspond à leurs attentes de reconnaissance. S’en sortir, c’est vouloir qu’on reconnaisse à la fois sa trajectoire marginale et ses aspirations de « normalité », une normalité définie de façon subjective par chacune et chacun. Par exemple, pour certains jeunes, il est important de couper tous liens avec la rue, alors que pour d’autres, le groupe de pairs peut être une ressource centrale pour s’en sortir.

Cette contribution discute de l’accompagnement de la sortie de la rue, en postulant que ce dernier ne peut faire l’impasse sur le sens que les personnes concernées accordent à la relation d’aide, en fonction des attentes de reconnaissance qu’elles ont. Elle s’inscrit dans un cadre théorique sollicitant notamment sur la théorie de la reconnaissance d’Honneth, et elle s’appuie sur des exemples issus de différentes recherches menées ces dernières années auprès de populations marginales, en particulier une recherche menée à Montréal auprès de jeunes sortis de la rue. Elle propose de lire les enjeux qui se jouent aussi bien dans la demande que dans la non-demande d’aide sous leurs différentes formes, à partir d’exemples de trajectoires de marginalité.

Mots clés :

Solidarité, Solidarité de proximité, Ville

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