CARIGNAN Louise (Canada) – louise_carignan@uqac.ca

Actuellement, un débat est en cours concernant les droits d'accès des parents biologiques à leurs enfants lors de placement jusqu'à majorité ou encore lors d'adoption. En juillet 2007, des modifications significatives ont été apportés à la loi de la protection de la jeunesse afin d'offrir à l'enfant en besoin de protection un projet de vie de qualité lui assurant plus de stabilité et de continuité pour son développement. En 2009, un avant-projet de loi sur l'adoption est déposé pour étude au gouvernement concernant les droits d'accès des parents biologiques à leurs enfants lors de placement à long terme ou d'adoption. Une recherche qualitative auprès de 22 jeunes placés jusqu'à majorité a été effectuée pour recueillir leurs points de vue sur ce sujet. À l'aide d'entrevues semi-structurées, ces jeunes nous expriment leurs satisfactions et insatisfactions à l'effet de maintenir ou non des contacts avec leurs parents biologiques. L'Association des Centres Jeunesse du Québec dès 1997, élabore et défini la notion de projet de vie comme étant une projection des conditions sociales et familiales jugées les plus aptes à répondre aux besoins de l'enfant en besoin de protection et à lui offrir des liens continus ainsi qu'un milieu d'appartenance dans une optique de permanence. Pour ces enfants qui doivent être placés jusqu'à leur majorité, est-ce dans leur meilleur intérêt de maintenir le lien avec leur famille biologique? Les résultats de cette recherche qualitative seront présentés afin de mieux comprendre l'ensemble des caractéristiques et des conditions de vie des enfants se retrouvant dans ce type de placement jusqu'à leur majorité ainsi qu’à mettre en lumière les avantages et les inconvénients pour l'enfant placé du maintien du lien ou du non maintien du lien avec leur famille biologique. Au cours de cette communication, nous discuterons de trois hypothèses principales :
- que les enfants placés se retrouvant dans des conditions ambiguës et peu claires de maintien du lien présenteront ultérieurement des difficultés d'adaptation sociale plus que les autres enfants placés;
- que le maintien du lien ou le non-maintien du lien dans certaines situations pourraient ne pas être dans le meilleur intérêt de l'enfant;
- que pour certains enfants le maintien du lien avec leurs parents biologiques les empêche de s'enraciner dans leur famille d'accueil ou d'adoption, de donner libre cours à leur projet de vie et les maintiennent dans une situation d'ambivalence, de confusion et d'appartenance mitigée.

Expertise sociale, Enjeux, Protection sociale