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SACRAMENTO Octávio (Portugal) – octavsac@utad.pt

Dans son court texte «La délégation et le fétichisme politique», Bourdieu (1984) fait référence à l’ «effet d’oracle» comme résultat de la monopolisation d’une soi-disant vérité collective qui permet à quelqu’un, à travers d’une «sorte de ventriloquie usurpatrice», devenir «porte-parole» et «fait parler le groupe au nom duquel il parle, parlant ainsi avec toute l’autorité de cet absent insaisissable», résultant dans une situation où «la personne individuelle, le moi, s’annule au profit d’une personne morale transcendante» (1984: 52). Inspiré par ces notions et prenant en compte les références empiriques fournies par les recherches que j’ai menées sur la prostitution, la traite des êtres humains, les réfugiés et les bénéficiaires de revenu d’insertion sociale, j’essaie de réfléchir sur la tendance évident parmi beaucoup d’agents d’intervention sociale pour se qualifier de porte-parole, de représentants et de défenseurs des sujets, en leur déniant souvent l’espace et des moyens pour l’autodétermination et la production de leur propre discours. L’objectif principal est de comprendre comment, au nom de prétentions de justice sociale et de dignité humaine, se produit un «effet d’oracle» aboutissant à une «alchimie de la représentation» (Cislaru, 2008), qui permet d’établir une autorité transcendante, de créer «régimes de vérité» (Foucault, 1992) et produire des discours et des revendications pour le compte de tiers (victimes, vulnérables, pauvres, exclus). En même temps, j’essaie de percevoir la (potentielle) violence symbolique présente ici, considérant que la prétendue incorporation de la voix de «l’autre» ne résulte pas tant de la connaissance effectif sur lui, mais de stylisations et idéalisations (Jakšić, 2008) aprioristiques qui reflètent les dispositions idéologiques et les intérêts des agents institutionnels eux-mêmes.

Intervention sociale et travail social, Question sociale, Intervention sociale; «effet d’oracle»; violence symbolique