ARSENAULT Stéphanie (Canada) – stephanie.arsenault@svs.ulaval.ca

Dans le cadre du Congrès de l’AIFRIS qui se tiendra à Beyrouth, nous comptons présenter les apprentissages réalisés dans le cadre de l’intervention de crise déployée par le Réseau public de la santé et des services sociaux de la ville de Québec à la suite de l’attentat survenu au Centre culturel islamique de la ville le 29 janvier 2017. Cette présentation s’inscrit dans l’axe 3 du congrès qui porte sur l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques. L’événement survenu dans la ville de Québec comportait un caractère unique dans l'histoire du Québec. Il s'agissait d'une fusillade, perpétré par un Québécois natif, visant des citoyens de confession musulmane dans une ville comptant une faible présence de cette minorité religieuse (1%) et une proportion d'immigrants dans sa population peu élevée (5%). Le caractère tragique et inédit de l’événement a donc fortement mis au défi les services sociaux publics de la ville qui ont dû apporter des ajustements majeurs à leurs procédures habituelles d’intervention, notamment en raison de la dimension interculturelle qui la caractérisait, les victimes étant identifiées à une communauté musulmane et les intervenants étant identifiés à la culture majoritaire non musulmane. L'ampleur de la tragédie vécue par des dizaines de personnes endeuillées a requis la mise en place, par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSS-CN), d'un programme d'intervention comportant des étapes et des objectifs distincts. Ce programme a mobilisé d'urgence les intervenants, principalement des travailleurs sociaux, et les gestionnaires les plus qualifiées en intervention dans un contexte de diversité culturelle et de crise à Québec. Ce sont des intervenants œuvrant dans la cellule de crise de la Sécurité Civile, de la Clinique de santé pour réfugiés, du Service d'aide psychologique spécialisée aux immigrants et réfugiés (SAPSIR), ainsi que des intervenants issus d’autres programmes du CIUSSS-CN qui ont été mobilisés dès les premières heures suivant la tragédie. Afin de documenter les deux premières phases d’intervention réalisées (pendant les trois premiers mois suivant l’attentat) et d’en tirer des apprentissages à même de contribuer à la formulation d’un protocole d’intervention pouvant guider l’intervention dans d’éventuelles situations similaires, nous avons réalisé une série d’entrevues et analysé les données recueillies. Grâce à un financement obtenu de l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval, 24 entrevues individuelles ont été réalisées auprès de huit intervenants impliqués dans la phase initiale d’intervention (les trois premières semaines), de huit intervenants impliqués dans la seconde phase d’intervention et de huit gestionnaires impliqués significativement dans ce processus. Ces entrevues nous ont permis de décrire l’ensemble des interventions réalisées et de systématiser les points forts et les ponts faibles identifiés dans ce processus. Nous serons donc en mesure de présenter cet exemple d’adaptation d’une institution et d’une politique publiques dans un contexte exceptionnel faisant appel notamment à des considérations interculturelles.

Crise sociale, Interculturel, Communauté, Islam