La violence à caractère sexuel en contexte universitaire : penser les modes d’intervention pour favoriser le vivre ensemble à partir d’expériences d’étudiantes
Année : 2019
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
Savoie Lise (Canada) – lise.savoie@umoncton.ca
PELLAND Marie-Andrée (Canada) – marie-andree.pelland@umoncton.ca
Résumé :
Cette communication a pour but de présenter des résultats d’une recherche empirique qualitative portant sur les rapports consentants et non consentants à caractère sexuel d’étudiantes et d’étudiants en milieu universitaire. Cette étude a été réalisée auprès d’étudiantes et d’étudiants d’une université de petite taille (4 100 étudiantes et étudiants) du Nouveau-Brunswick, province située à l’est du Canada. Les résultats qui sont présentés mettront en lumière les différentes formes de violence sexuelle vécues par des étudiantes dans le cadre de leur formation afin de penser des modes d’intervention favorisant le vivre ensemble collectif. <br />Au Canada, peu de recherches portent sur la question de la violence sexuelle dans les universités. Toutefois, au Québec des chercheures ont fait une étude auprès d’étudiantes et d’étudiants et du personnel de six universités (Bergeron et al., 2016). Les résultats révèlent que 36,9 % des participantes et des participants disent « avoir vécu au moins une situation de harcèlement sexuel, de comportements sexuels non désirés ou de coercition sexuelle par une autre personne affiliée à l’université, depuis qu’elles ou ils étudient ou travaillent à l’université », dont 24,7 % au cours de la première année (Bergeron et autres 2016, p. 26). Au Nouveau-Brunswick, des chercheures ont fait un sondage auprès des étudiantes et des étudiants au sujet du climat touchant la violence sexuelle (Fuller, O’Sullivan et Belu, 2016). Selon leur enquête, 29,1 % parmi les répondantes et les répondants ont indiqué avoir vécu au moins une des deux formes de violence sexuelle mesurées, soit les agressions sexuelles et la coercition sexuelle (Fuller, O’Sullivan et Belu 2016, 22). Ces résultats, même s’ils sont peu nombreux, permettent de constater la prévalence du phénomène dans des universités. <br />Quand il s’agit de parler de violence sexuelle, il n’est pas toujours facile de la définir puisqu’elle prend diverses formes (Savoie et al,, 2019). Kelly (1988) définit la violence sexuelle en plaçant les rapports de pouvoir dans une société patriarcale au centre de son analyse. Cette définition engage une diversité d’actes de violence sexuelle allant de la violence ordinaire au harcèlement sexuel et jusqu’au viol (Kelly 1988 : 95). Cette conceptualisation féministe de la violence sexuelle ne se limite pas à l’étude d’un comportement précis (Halstead, Williams et Gonzalez-Guarda 2017). Dans ce sens, Kelly (1988) aborde la question des formes violence sexuelle dans un continuum qui n’est pas linaire, mais plutôt dynamique et qui met en relation les expériences vécues de femmes. Dans ce continuum, les différents types de violence sexuelle ne peuvent pas être comparés selon le niveau de gravité de l’acte, par exemple, la violence vécue au quotidien (harcèlement sexuel au travail) peut être aussi problématique qu’un évènement précis (viol). Pour Kelly, toutes les formes de violence sont sérieuses et il est inapproprié de créer une hiérarchie entre elles. Partant du cadre d’analyse de Kelly, nos résultats de recherche illustrent que les formes de violence vécues par des étudiantes sont saillantes, celles-ci vivent plusieurs formes de violence qui sont interconnectées. Toutefois, dans leur discours, il reste que les étudiantes éprouvent de la difficulté à la nommer cette violence et à en différencier les formes. Dans ce contexte, il semble essentiel de réfléchir au continuum de la violence sexuelle pour repenser l’intervention auprès des victimes, mais aussi auprès de l’ensemble de la population universitaire. Donc, à la lumière de ces résultats, qui interrogent le vivre ensemble collectif dans un espace particulier qui est l’Université, les modes d’intervention doivent être conceptualisé de manière à favoriser une transformation structurelle et systémique des rapports de pouvoir (Swift et Ryan-Finn, 1995, DeGlue et al. 2014). <br />
Mots clés :
Femmes, Vivre ensemble, Intervention sociale et travail social, Violence sexuelle
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