Carotenuto-Garot Aurélien (France) – aureliengarot@gmail.com

L’ouvrage collectif - La fabrique du doctorat en travail social [2018] - questionne, d’un point de vue international, les apports que pourrait incarner la création d’un doctorat en travail social (DTS) dans le cadre de la « scientifisation » du travail social, ainsi que les défis à relever pour y parvenir. <br />Le travail social doit effectivement être dans la capacité de questionner objectivement ses pratiques afin de pouvoir s’adapter efficacement à la réalité de son terrain d’action. Ce besoin de faire preuve d’une inventivité pratique tout en respectant une rigueur scientifique est l’un des enjeux majeurs du développement d’une recherche interne au travail social et donc de la création d’un DTS. <br />En outre, la création d’un DTS interroge les relations entre la profession du travail social et le champ de la recherche, ce qui représente un autre enjeu d’importance. En effet, cela revient notamment à définir le cadre d’une nouvelle science qui étudierait les faits du travail social [Rullac, 2018]. <br />Cependant, mener cette ambition à son terme implique de relever de nombreux défis. La recherche et le travail social renvoient à deux cultures et pratiques professionnelles différentes - voire même antagonistes sur certains aspects – notamment en termes d’enjeux, de moyens mis en place et de finalité recherchée [Carotenuto-Garot, Farcy-Callon, Gibey, Liman, 2018]. Ainsi, l’union de la recherche et du travail social peut incarner une certaine dualité épistémologique, qui doit être négociée dans une optique collaborative afin que ces deux mondes s’acculturent et puissent produire une connaissance partagée [Ibid]. <br />La recherche et le travail social sont deux constellations autonomes. Elles sont appelées à ne former qu’une seule galaxie que depuis très récemment. Ainsi, l’union de ces deux univers est un processus en cours au niveau mondial, mais qui dont l’avancé varie fortement d’un pays à un autre [Tabin, Frauenfelder, 2018]. En France [Rullac, 2018] et en Belgique [Glarner, 2018] le DTS rencontre des difficultés à obtenir une reconnaissance académique. En Suisse, les rivalités entre hautes écoles spécialisées (HES), universités et écoles privée freinent le développement du DTS [Bolzman, Coquoz, 2018]. En Italie, le manque de professeurs et de crédits attribués à la recherche en travail social limite également le nombre de doctorants dans cette discipline [Campanini, 2014]. Dans d’autres pays, comme le Liban [Tannous Jooma, 2018], le Portugal [Amaro, Ferreira, Pena, Alvarez-Pérez, 2018] ou le Québec [Couturier, Turcotte, 2014], le développement d’une recherche interne au travail social est un processus très avancé. Cette situation « impose de penser les enjeux du doctorat en travail social de manière contextualisée. » [Tabin, Frauenfelders, 2018 : 135]. Dans cette perspective, nous souhaitons ouvrir ce Forum à la multiplicité des contextes internationaux. <br />De fait, la création du doctorat en travail social soulève de nombreuses questions : Quels sont les enjeux d’une acculturation réussie du monde du travail social et de celui de la recherche pour l’action sociale ? Quels sont les différents défis et obstacles que cela implique de dépasser, et comment y parvenir ? Quelle est la diversité des situations internationales, et comment s’inspirer mutuellement ?<br />Durant ce Forum, nous prolongerions donc les réflexions se situant au cœur de l’ouvrage La fabrique du doctorat en travail social [2018]. Il s’agirait, d’une part, d’appréhender – à travers un regard international - la diversité des enjeux et défis que représente le développement du DTS. D’autre part, de concevoir des pistes de dépassement aux multiples obstacles à l’unification de la recherche et du travail social. <br />Notre optique serait de favoriser l’émergence d’une intelligence collective en créant un espace de discussion et de réflexion commun, au sein duquel pourrait converger toute la diversité des cas de figure envisageables selon les pays et les expériences de chacun.

Travail social international, Nouvelle qualification, Partenariat, Doctorat en travail social