L'autre diffèrent...
Année : 2019
Thème : Experience dans les camps Palestiniens
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
LAHOUD Jacques (Liban) – jaclahoud@hotmail.com
Résumé :
L’association “Tadamon” est une association sociale libanaise qui œuvre dans les camps et les lieux de rassemblement des réfugiés palestiniens au Liban depuis 2005. En tant que travailleur social, je contribue au développement des activités psychosociales et d’intégration au sein du département de la protection de l’enfance. <br />Loin de définir les modalités pratique de ces activités, d’ailleurs elles se ressemblent toutes. Ma réflexion s’oriente vers le savoir-être avec « l’Autre différent ». <br />Plusieurs questionnements : Comment m’ouvrir vers ‘‘cet autre’’ alors qu’il est perçu par la société à laquelle j’appartiens comme responsable de certains de ces maux ? Comment transcender l’histoire des conflits politique et militaire pour faire le pas et m’approcher de ‘‘cet autre’’ ?<br />Deux questions qui n’ont pas cessé de me préoccuper durant mon travail dans les camps palestiniens. <br />J’ai essayé tant bien que mal à trouver des réponses. Mais celles-ci se sont révélées inconsistantes, voir non-convaincantes ! Aucune d’elles ne m’a incitée à me surpasser… jusqu’au jour où un jeune adolescent me dise : <br />« Reste humain, ça veut dire ne me fait pas sentir que tu es grand et que je suis petit, sois comme moi. Par exemple, moi je vie dans un camp et toi je ne sais où (…) par exemple si je veux t’offrir un thé, bois ton verre avec moi, ne soit pas dégoûter, reste humain. »<br />La réflexion du jeune adolescent m’a laissé perplexe, elle a remis en question mon approche sociale. Approche bien sur scientifique, mais qui garde une distance professionnelle entre l’intervenant « humanitaire » et la personne accompagnée. <br />Etre travailleur social signifie venir en aide à l’autre pour qu’il se développe et devienne autonome. Cependant en refusant de recevoir ce que l’autre nous donne ou nous offre ne serait-ce qu’un tout humble geste, on élève involontairement la barrière de la reconnaissance. Comme si l’autre ne pourrait pas nous atteindre ; Et que pour nous remercier il devient à jamais reconnaissant.<br />J’ai compris qu’il ne suffisait pas d’offrir du thé, mais qu’il faut aussi boire le thé, savourer ce qui nous est offert ; depuis que j’ai compris cela mon travaille dans les camps Palestiniens a pris un autre gout.<br />Cette expérience m’a porté loin dans une réflexion sur l’empathie, la dignité et le discernement ; thème que j’ai appris durant ma formation, mais que je n’ai compris qu’à travers ma propre expérience.
Mots clés :
Vivre ensemble, Savoir être, Éthique et déontologie
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