L'intervention de proximité: pratiques professionnelles et reconnaissance institutionnelle, étude de cas au Québec
Année : 2019
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
DORé CHANTAL (Canada) – chantal.dore@usherbrooke.ca
Résumé :
Définition de l’objet et des questions de recherche<br />La communication s'inscrit dans le 2e axe. Nous présentons quelques résultats d’une recherche en cours portant sur la reconnaissance de l’intervention de proximité (IP) comme pratique professionnelle mise en œuvre dans le cadre d’institutions de santé québécoises que sont les Centres intégrés universitaires de santé et services sociaux (CIUSSS). Ces interventions se définissent par une territorialisation des services, où les intervenants œuvrent dans les milieux de vie des populations. Plusieurs membres de notre équipe travaillent depuis quelques années sur l’apport des IP, pratiques professionnelles hors normes, alliant les approches individuelles, de groupes et collectives, aux interventions menées dans des milieux de vie en situation de défavorisation socioéconomique, désaffiliation communautaire, marginalités, exclusions, rapports interculturels préoccupants, etc. Nous constatons que les défis et les problèmes auxquels les milieux défavorisés font face sont complexes et diversifiés alors que les services institutionnels peinent à les rejoindre. Par ailleurs, on observe le développement d'IP novatrices visant à rapprocher les services sociaux de première ligne des CIUSSS de la population. Bien que les effets des IP sur les individus et les communautés soient reconnus et évalués (Morin et al., 2012; Bastien et Goulet, 2006; Duval et Bourque, 2007; Gélineau et al., 2008), il reste qu'à notre connaissance aucune recherche n'a examiné les tensions qui existent entre les pratiques d'intervention et les modalités de gestion. Ce constat montre son caractère innovant, qui inclut la participation de tous les acteurs concernés dans un processus de cocontruction, et constitue le cœur de notre recherche. Les intervenants ont maintes fois exprimé la difficulté de concilier les formes de reddition de compte avec leurs pratiques (Bastien et Turcotte, 2010) et les gestionnaires se disent contraints avec des normes ministérielles qui ne rendent pas compte de la réalité de l'intervention. Nous aborderons donc ces tensions dans la reddition de compte en traitant du « sens » et de la « mesure » avec les objectifs de les identifier, de proposer des outils de gestion et d’en évaluer la pertinence. <br />Le « sens » exprime le besoin d’informations détaillées et contextualisées sur les expériences individuelles et communautaires, évaluant la différence que procure les services dans la vie des personnes afin de les améliorer. La « mesure » reflète le besoin d’agréger l’information sur les résultats afin d’informer les choix décisionnels dans les organisations. Le projet de recherche articule trois approches théoriques que sont l’approche par les capabilités (Sen, 2010), celle du développement des communautés (Avenel et Bourque, 2017; Morin et al, 2013; Doré, Morin et al, 2013) et l’approche de coconstruction (Bovaird et Loeffler, 2013). <br /><br />Méthodologie<br />À partir d’un devis d’étude de cas multiple (Yin, 2014), nous réalisons une évaluation développementale s’inspirant des travaux de Patton (2011). Conçue pour appuyer le développement d'interventions en procurant une rétroaction continue des pratiques, elle génère des apprentissages et soutient les processus de changement organisationnel. Nous accompagnons quatre IP sur le terrain. Les méthodes de collecte des données sont diverses : recherche documentaire, observations directes, entretiens de groupe, entrevues individuelles et activités d'appropriation à raison d’un comité de pilotage par cas impliquant des gestionnaires, intervenants, chercheurs, personnes usagères, partenaires et représentants gouvernementaux. <br /><br />Intérêts et résultats attendus<br />L’approche participative avec les acteurs nommés plus haut montrent l’intérêt des institutions et des intervenants qui cherchent à joindre ces « oubliés » du système. L’analyse de la recherche en cours rendra compte d’une première partie des résultats qui permet, d’une part, de décrire les tensions identifiées dans la reddition de compte et, d’autre part, de dégager des pistes offrant des éléments alternatifs et de l’ordre du « sens » en s’appuyant sur les pratiques d’IP et leurs effets répertoriées – sur la constitution de réseaux formels et informels, aide ponctuel, dynamique de voisinage, intégration de personnes d’immigration récentes, etc. - qui modifient l’expérience sociale et la qualité de vie des personnes usagères bénéficiant de l’IP.<br />
Mots clés :
Intervention sociale et travail social, Recherche-action, Service de proximité, Reconnaissance institutionnelle
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