L'Evaluation conceptrice de différentes formes d'émancipation. <br />Dans le cadre de l'animation du GT EVALUATION.

Année : 2019

Thème : La réappropriation des logiques évaluatives par la participation.

Type : Forum, GT, Carrefour

Auteur(s) :

HIRLET Philippe (France) – philhirlet@orange.fr
BALZANI Bernard (France) – bernard.balzani@univ-lorraine.fr

Résumé :

Animation GT « EVALUATION », AIFRIS 2019.
Cet projet fait suite : 1. A plusieurs séminaires de recherche et journées d’études organisées en lorraine sur la thématique de l’évaluation et de la participation dans le secteur social ; 2. A deux contrats de recherche franco-québécois portant sur le déploiement de l’évaluation en protection de l’enfance et sur la participation des usagers à l’évaluation de l’activité.
Les question de l’évaluation au sens large et de la participation sont présentes partout, dans tous les secteurs d’activités et au sein de la société. Embrasser cette question, à l’échelle plus particulière de l’évaluation dans le travail social, constitue le point d’orgue d’une épistémopolitique telle que la conçoit Pascal Nicolas-Le-Strate (2016).
Globalement, l’évaluation et la participation, il y a encore peu, étaient appréhendées par les chercheurs plutôt d’une façon séparée, non emboîtée, voire opposée. Alors que l’actualité sociale des dernières semaines en France ravive les questions de démocratie citoyenne (débat public, référendum, etc.) et incite à la participation des acteurs de la société civile à l’évaluation des politiques publiques, comment repenser l’implication des citoyens ou des personnes concernées à l’égard des logiques évaluatives et inversement comment faire comprendre l’importance d’évaluer pour progresser collectivement ? Même si l’entrée de la participation par la thématique de l’évaluation est risquée, elle peut être un ressort indéniable pour la dynamique participative et le développement du pouvoir d’agir.
Il est prudent de rappeler ici, qu’il s’agit de sérier au mieux le déploiement, ainsi que les différentes formes d’évaluations avant de se lancer dans un quelconque débat scientifique et épistémologique. Rappelons simplement qu’en Sciences de l’Education cette notion fait l’objet de nombreuses définitions, notamment dans les manières de lire les apprentissages et de les mettre en oeuvre (évaluation sommative, formative, normative, autoévaluation), et qu’en sociologie, il s’agit de travailler à la précision des entrées : évaluation des pratiques, des salariés, des politiques sociales, de l’activité, des processus et des effets de l’action, de la clinique, des fonctionnements organisationnels, de l’environnement et des partenariats… Souvent, dans les débats entre spécialistes, des points de vue contradictoires et opposés s’expriment, nous faisons l’hypothèse qu’ils sont essentiellement liés à un manque de rigueur quant à la précision de l’objet de recherche et à la définition des termes employés. Comme nous le suggère Michel Chauvière, il est important de parler de l’évaluation au pluriel. En prenant en compte, de façon différenciée ces différents modèles qui fondent les pratiques d’évaluation et de participation sociale, en quoi et comment sont-ils producteurs d’une plus-value pour l’intervention sociale ? Comment coproduire avec la société civile une évaluation participative à visée émancipatrice comme le suggère Baron et Monnier (2003).
Nous ambitionnons de proposer une entrée originale permettant de dépasser les antagonismes relativement connus et classiques : évaluation versus contrôle social, évaluation versus rationalisation/standardisation/normalisation. Comme le dit Marcel Jaeger, « Au bout du compte, le mot même d’évaluation continue de susciter perplexité et critiques : l’évaluation est, dit-on, une nouvelle invention, liée à la réforme de l’Etat, conçue pour contrôler et infantiliser les agents, y compris lorsqu’elle aboutit à une valorisation des points forts de leur action. Elle est binaire, repose sur la radicalité du jugement et entraîne des sanctions. On remarquera que ces trois caractéristiques se placent d’emblée plus sur le registre du contrôle que sur celui de l’évaluation » (2019). Par ailleurs, nous souhaitons dépasser certaines craintes et représentations exprimées par les acteurs de l’intervention sociale, qui sont souvent liées soit à un sur-contrôle de l’activité ou des pratiques professionnelles par les directions, soit à un désaccord de fond exprimé par les salariés à l’égard de l’orientation des gouvernementalités managériales et des modes de gouvernances associatifs.
Ce débat, proposé dans le GT « évaluation », consiste à ouvrir une réflexion (et peut être une voie plus positive et pragmatique) qui tentera de dépasser certaines croyances pour arriver à mieux problématiser ce qui fait polémique ou débats idéologiques. S’appuyer sur plusieurs présentations courtes de recherches en mettant l’accent, non pas sur les résultats de celles-ci mais sur les fondements théoriques mobilisés, doit permettre l’expression de points de vue pluriels sur l’objet, y compris sur la problématique du vivre ensemble telle que suggérée par les organisateurs.

Mots clés :

Evaluation, Participation, Citoyenneté, Emancipation

← Retour à la liste des articles