Habiter et vivre ensemble autrement : de nouvelles perspectives avec l’habitat dit participatif ?<br /><br />Axe 1 : Enjeux et construction du « Vivre ensemble »
Année : 2019
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
COSTES LAURENCE (France) – laurence.costes@u-pec.fr
Résumé :
Au tournant du XXIème siècle la montée des inégalités urbaines s’accompagne d’un nombre croissant de personnes mal logées ou fragilisées par rapport au logement. Cette situation relance l’attention sur « l’habiter » (Lefebvre, 1968) et interroge les modes d’intervention sociale dans ce domaine. A cette crise du logement se superpose une amplification des fractures tant territoriales que sociales. La ségrégation spatiale se renforce sous la forme de quartiers plus homogènes et étanches, avec la résidentialisation des immeubles d’habitation, l’isolement des quartiers d’habitat social et la gentrification de certains centres qui manifestent, de façon subie ou choisie, un certain refus de l’altérité ou la fuite de la diversité. L’enjeu est, dès lors, de renforcer le lien social dans une société où il est de plus en plus difficile à créer : « La ville ne fait plus société » affirmait Jacques Donzelot (2004) auquel les politiques publiques et sociales ont de plus en plus de mal à répondre. <br />C’est dans ce contexte, que des initiatives issues de la société civile se manifestent exprimant une volonté de vivre autrement par la voie de l’habitat dit participatif. Il s’agit d’un habitat qui réunit plusieurs habitants ou familles ayant décidé de mutualiser leurs ressources pour le concevoir, le réaliser et le financer collectivement, où chaque habitant y possède son propre logement avec des espaces communs et partagés tels jardins, ateliers, salles de fête dont les formes et l’usage varient selon les lieux. Ils décident de vivre selon des principes dont ils ont ensemble décidé des modalités, souvent autour de valeurs éthiques, sociales et environnementales communes. En rupture avec un fond de « marchandisation de la ville » (Harvey, 2011) d’anonymat et de ségrégations sociales peu propices au lien social, les acteurs de ces opérations opposent une volonté d’édifier un « commun urbain », de repenser le lien social, d’impulser une autre façon de vivre dans la diversité. Il s’agit aussi d’ouvrir cette forme d’habitat à des préoccupations plus marquées autour du vieillissement et de la lutte contre l’isolement des populations modestes. <br />Ainsi, ce renouvellement de l’habitat participatif sous ses diverses formes traduit, incontestablement, une volonté de plus en plus affirmée d’implication des citoyens dans leurs conditions de vie en ville, mais aussi l’affirmation « d’un contrat d’entraide et de vie collective entre les habitants» (Labit, 2015). Ces opérations d’habitat participatif ont en commun d’être portées par les habitants. La dimension de participation citoyenne reste au cœur de ce projet, et fait appel à la co-conception, la co-construction, la mutualisation. Il s’agit alors d’impliquer les habitants dans la vie de la cité, d’impulser « l’action citoyenne » C’est un habitat qui cherche à (re) « faire société ». <br />L’objet de cette communication s’appuie sur plusieurs enquêtes menées auprès de différents habitats participatifs en France (Costes, Beurthey, 2018). A travers celle-ci nous nous proposons tout d’abord de mettre en lumière les valeurs que l’habitat participatif convoque, leur processus de conception et la capacité de reproductibilité de ces expériences. Ensuite nous évoquerons en quoi cette voie se présente comme une nouvelle perspective par rapport à la production traditionnelle de logement, sa capacité de créer des liens sociaux et des solidarités, d’éclairer la dimension politique de « l’habiter » et de l’habitat quand les citoyens prennent le pouvoir sur leur habitat et leur environnement. Enfin, comment ces initiatives peuvent aboutir à générer une ville plus inclusive, à promouvoir de la mixité sociale et une dimension plus inter générationnelle et inter culturelle. <br />
Mots clés :
Lien social, Politique sociale, Participation
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