Dépasser un travail social palliatif par le développement d’une économie plus sociale et plus solidaire pour un développement durable.
Année : 2010
Thème : Réflexions à partir de deux institutions genevoise d’intégration et d’insertion
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
LAEDERACH Jérôme (Suisse) – j.laederach@fondation-ensemble.ch
DUNAND Christophe (Suisse) – christophe-alexandre.dunand@hesge.ch
Résumé :
La logique palliative d’adaptation d’une portion minime du marché de l’emploi pour les personnes en situation de handicap ou dans une démarche d’insertion, ne répond en rien aux enjeux d’un développement durable. Face à des besoins croissants, issus d’un marché de l’emploi de plus en plus excluant et inaccessible aux personnes peu dotées en ressources, il ne sera pas possible de multiplier les ateliers adaptés et les mesures actives d’insertion. Il ne sera pas non plus envisageable de bloquer la croissance du dispositif d’aide actuel, en excluant à l’avenir toute nouvelle demande. Et ces limites pourraient avoir pour conséquence paradoxale de s’éloigner d’une politique inclusive pourtant défendue de tous aujourd’hui.
Le travail social en général et le dispositif d’aide aux personnes exclues du marché de l’emploi en particulier, est donc confronté à l’enjeu de dépasser son rôle palliatif pour explorer des alternatives, dans lesquelles chaque citoyenne et chaque citoyen, puisse trouver la place nécessaire à son affiliation sociale (Castel, 1995).
Cette communication a pour objectif d’évaluer la contribution possible de l’économie sociale et solidaire à l’intégration de personnes exclues du marché de l’emploi, du fait de handicaps reconnus ou d’un manque de capacité à répondre aux exigences croissantes des employeurs. Il s’agira aussi d’analyser la contribution possible du travail social en général au développement d’une économie plus sociale et plus solidaire, capable de produire et d’inclure, pour une société durable. Quels rôles pour les travailleurs sociaux, quels besoins de formation, quelles opportunités, seront des questions qui jalonneront notre réflexion.
Nous partirons du constat que le besoin de travailler « pour exister » (Dunand, Dupasquier, 2006) dépasse les cloisonnements administratifs actuels, légitimant ainsi une approche identique pour des populations aujourd’hui classées et gérées selon des critères administratifs.
Nous montrerons, pour reprendre l’expression de J-L. Laville, que l’économie sociale et solidaire n’est pas « la voiture balai du capitalisme », mais le poisson pilote d’une nouvelle logique économique articulant trois principes pour produire les biens et services nécessaires à une société durable et inclure chacune et chacun : le marché, la réciprocité et la redistribution (Laville, 2001).
Nous aborderons les enjeux actuels des organisations engagées dans un travail palliatif avec des financements publics spécifiques, qui tendent à imposer une logique gestionnaire et réduisent la marge de manœuvre citoyenne que l’on attend d’organisations privées dont le but est l’intérêt collectif (Battaglini, Dunand, 2005).
Enfin, à partir de deux exemples, la Fondation Ensemble qui vise l’intégration de la personne avec une déficience intellectuelle, et Réalise, entreprise d’insertion qui offre 90 places de travail passerelle à des demandeurs d’emploi, nous esquisserons des pistes pour l’avenir.
Mots clés :
Action publique, Politique sociale, Insertion
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