Allier justice sociale et justice environnementale: regards sur la formation en travail social
Année : 2019
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
DAGENAIS-LESPéRANCE JEANNE (Canada) – jeanne.dagenais-lesperance@umontreal.ca
Résumé :
Dans une ère où les changements climatiques frappent déjà l’humanité de plein fouet et où le terme «réfugié climatique» émerge, qu’est-ce que le «vivre-ensemble»? Doit-on élargir nos définitions au-delà du monde humain pour englober des écosystèmes entiers? Et si les «sociétés plurielles» étaient plus qu’un unique assemblage d’humains variés, mais une liaison dynamique entre faune, flore, humains… ? Et si nous tentions de les considérer comme des systèmes complexes et fragiles dans lesquels chacun et chacune s'inscrit en lien avec une multitude d'autres entités ?
La recherche sur le travail social lié à l’environnement en est à ses débuts, mais les articles s’accumulent et répètent un même message : le travail social se doit de redéfinir ce qu’est l’environnement dans son paradigme fondateur de person-in-environment (Coates, 2003 ; Coates, Gray et Hetherington, 2013 ; Dominelli, 2012 ; Schmitz, Matyók, Sloan et James, 2012 ; Zapf, 2009). En effet, hormis l’environnement social, l’environnement biophysique aurait une incidence majeure sur les conditions de vie des populations vulnérables. Non seulement ce sont les personnes les plus marginalisées qui sont les plus touchées en cas de désastres naturels, mais leur localisation géographique comporte plus de risques environnementaux quotidiens que celle de populations favorisées (mauvaise qualité de l’air et de l’eau, proximité de lieux d'extraction de minerais, contamination des sols, biodiversité pauvre, îlots de chaleur…) (Dominelli, 2012 ; Freudenberg, 2004 ; Freudenberg, Pastor et Israël, 2011).
Selon plusieurs, l’intégration de l’environnement biophysique aux pratiques en travail social s’avère donc essentielle, puisqu’une des missions premières du travail social est d’agir sur l’inégalité des conditions de vie. La formation en travail social serait d’ailleurs un terreau fertile pour amorcer un changement de mentalités à cet effet (Coates, 2003 ; Coates et al., 2013 ; Dominelli et al., 2018 ; Hawkins, 2010 ; Miller et Hayward, 2014 ; Teixeira et Krings, 2015 ; Zapf, 2009).
Cette proposition s’intéressera à proposer une vision stratégique permettant de réfléchir aux sociétés plurielles et au concept de justice de manière holistique. Pour ce faire, trois axes de réflexion seront abordés: les prémisses fondatrices de la justice environnementale et leur lien avec les valeurs de justice sociale, l'état des lieux sur la formation en travail social et les changements climatiques (au Québec principalement), et finalement une réflexion sur le travail social environnemental et son intégration possible dans le parcours de formation en travail social. Ces trois aspects visent à réfléchir aux possibilités du travail social environnemental en tenant compte des valeurs fondatrices du travail social.
Dans l’onglet de définition de sa page web en anglais, la Fédération internationale des travailleurs sociaux (IFSW) indique que le mandat du travail social s’inscrit dans l’espace des interactions entre les personnes et leur environnement. Cet environnement, comme stipulé par cette association, comprend non seulement l’ensemble des systèmes sociaux où interagissent les gens, mais aussi l’environnement naturel et géographique, qui influencerait profondément la vie des communautés. On y indique aussi que « les initiatives de changement social reconnaissent la place de l’agentivité humaine dans l’avancement des droits de la personne et de la justice économique, ENVIRONNEMENTALE et sociale. (International Federation of Social Workers, 2014, traduction libre) ».
La IFSW le mentionne dans ses missions premières. Qu’attendons-nous donc pour agir et pour renouveler les approches en travail social? Avec les mobilisations mondiales pour le climat qui accusent les dirigeants de faire porter le fardeau des changements climatiques sur les générations futures (https://www.earth-strike.com/) (https://rebellion.earth/), la formation en travail social serait-elle enfin mûre pour un changement de paradigme ?
Mots clés :
Equité sociale, Protection de l’environnement, Formation
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