Comment une banque coopérative favorise t–elle le vivre ensemble dans une société plurielle ?

Année : 2019

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

EL AKKAOUI IMTISSAL (Liban) – imtissalakkawi@hotmail.fr

Résumé :

L’éthique en matière financière peut-elle passer du stade de l’utopie à la réalité ? Si l’on en juge par la croissance des banques conventionnelles qui participent à l’économie sociale et solidaire, on peut penser que ce type d’établissement va connaitre un essor semblable à celui du commerce équitable. Selon Bachet (2012/3) , les banques de l’économie sociale et solidaire ont une logique qui est en lien avec la philosophie de la coopérative. Les différents membres du collectif, qui sont aussi les bénéficiaires de la production, sont à l’origine de la réalisation de la production des biens et des services. Ils sont à la fois sociétaires et usagers. L’économie sociale et solidaire a pour but l’amélioration de la vie des populations au moyen de la mise en commun de ressources, et non pas la rémunération du capital. L’entreprise est rentable sur le long terme, on cherche avant tout à ce qu’elle soit pérenne. Le rôle de l’actionnaire n’est pas spécifiquement pris en compte, car la création de valeur bénéficie au collectif ; les résultats sont produits et sont réinvestis dans la coopérative. Etant donné que les sociétaires sont propriétaires et gestionnaires des coopératives, ainsi qu’électeurs de leurs représentants dans les instances statutaires, ces organismes appliquent un fonctionnement démocratique.<br /><br />Suite à la crise de 2008, les banques coopératives ont accueilli d’importants flux de capitaux. Cela peut s’expliquer par le fait que ces banques sont moins dans la recherche de profit que les banques classiques et que leur objectif est d’abord la pérennité de l’entreprise. Mais il y a d’autres raisons à ces adhésions. Tout d’abord, ce type d’activité bancaire s’engage davantage dans le financement de la production et de la commercialisation. Ensuite les banquiers sont davantage investis dans les activités de production ou plus proches des entreprises. Selon Ansart et Monvoisin (2011) le fait d’accorder une place importante à la communauté renforce la confiance réciproque entre les banques et les entreprises, car elles partagent des principes communs. De plus, l’économie sociale et solidaire met en place des modes de financement qui pallient les besoins auxquels la finance de marché ne peut pas vraiment répondre. Cette finance peut s’appuyer sur des principes démocratiques, car elle relève moins d’une échéance à court terme et n’a pas des exigences de rentabilité très élevées ; son organisation productive et sociale prend d’autres formes. Il s’agit de développer une production et une consommation locales, de mettre en place une coopération décentralisée et horizontale (via des circuits courts). Le but est d’assurer une certaine réappropriation du produit.<br /><br />Cependant, les propriétaires d’importantes banques coopératives, telles que le Crédit Agricole, les Banques Populaires-Natixis, le Crédit Mutuel, les Caisses d’Epargne-Natixis, se sont mis à imiter les modes de fonctionnement des banques classiques, y compris en s’impliquant dans des dérives financières contraires à leurs principes d’origine. Il ne nous appartient pas de demander pourquoi. Suite à ce phénomène, des mouvements se sont érigés afin de recadrer les objectifs de ces banques. C’est le cas du collectif français « Agir pour une économie équitable » qui se mobilise lors des assemblées générales de ces banques. Leur but est d’encourager les sociétaires à exiger des banques une utilisation de leurs dépôts et leur épargne en vertu des principes de cette économie, dans des actions qui respectent la dignité des personnes (S. Mayer, JP Caldier, 2007). <br />Il réitère la devise de sa banque en affirmant : « fondamentalement, nous voulons rester la banque qui finance les entrepreneurs, en particulier dans l’ESS contemporaine ». Le Crédit Coopératif veut donc conquérir l’épargne des particuliers. On peut donc dire que cette banque reste fidèle à ses fondements puisqu’elle a été créée à partir de la Banque Coopérative des associations ouvrières (fondée en 1893) et la Caisse Centrale de Crédit Coopératif (fondée en 1938). Ces deux organismes avaient pour but de financer les coopératives de producteurs et de consommateurs. Le Crédit Coopératif a développé une réelle activité bancaire suite à la loi bancaire de 1984. Mais en 2002, la règlementation bancaire plus rigide, a compromis l’existence des banques de taille moyenne indépendantes.<br /><br />

Mots clés :

Economie sociale et solidaire, Crise économique, Développement local, banque coopérative

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