Oser la concertation en situation de crise
Année : 2010
Thème : L’exemple des Etats généraux de l’action sociale
dans le département d’Ille et Vilaine, France
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
TERRIER Eugénie (France) – eugenie.terrier@askoria.eu
ROUZEAU Marc (France) – marcrouzeau7@gmail.com
Résumé :
Notre proposition de contribution se présente sous la forme d’un compte rendu de recherche-action et prend appui sur les matériaux recueillis lors des États généraux de l’action sociale départementale qui se seront déroulés en Ille et Vilaine tout au long de l’année 2010-2011. A partir de cette expérience singulière, en la confrontant avec nos autres terrains de recherche et d’intervention, nous souhaitons insister sur l’articulation entre travail social de terrain et fabrication de l’action sociale départementale en nous arrêtant sur les tensions liées à la difficulté d’articuler engagements professionnels et rationalisations administratives.
Le contexte sur lequel s’est construit le mouvement social (débrayage, grève, boycott des projets de service, etc.) conjugue trois phénomènes :
• Du fait de la crise financière, économique et sociale, les travailleurs sociaux sont confrontés à une forte augmentation de la demande sociale.
• D’importantes contraintes budgétaires que connaissent les Conseils Généraux ne permettent pas d’envisager des moyens supplémentaires.
• La réorganisation des services du CG 35 a participé au renforcement du sentiment de déstabilisation et d’insécurité professionnelle des agents.
Suite aux revendications des syndicats, la présidence du Conseil Général a accepté que soient organisés les États généraux de l’action sociale départementale. Ceux-ci ont trois ambitions : ils sont co-organisés par la direction du CG et par l’intersyndicale (L’IRTS de Bretagne, via le PREFAS Bretagne- Pôle de Recherche et d’Étude pour la Formation et l’Action Sociale a été sollicité pour assurer l’accompagnement méthodologique et scientifique du processus), ils doivent être le plus participatif possible et doivent déboucher sur des propositions concrètes.
Ces États Généraux conçus comme un processus de concertation et d’élaboration de propositions se déroulent sur une période de dix mois :
• Consultation des professionnels (questionnaire, vote électronique en début de la première séance plénière réunissant 600 participants)
• Deux temps forts, l’un consacré aux témoignages de terrain, et l’autre aux régulations entre travail social et politiques d’action sociale. Une succession de réunions sont organisées par territoire et/ou sont consacrées à des approfondissements thématiques.
• Mobilisation d’un grand témoin (Jean-Michel Belorgey).
Les éléments recueillis lors de ces États généraux feront l’objet d’une synthèse raisonnée s’appuyant sur les enseignements consensuels et les sujets davantage controversés :
• Sentiment d’un exercice professionnel qui se dégrade, défiance vis-à-vis des encadrants administratifs, souffrance au travail…
• Nécessité de moderniser les cadres d’intervention, de recourir à des démarches plus collectives et davantage participatives, volonté d’innovation tout en sécurisant les pratiques d’intervention, développement de l’expertise sociale et déploiement de l’évaluation…
Une analyse dialogique - menée en moyenne période - aidera à préciser ce qui est du aux caractéristiques locales et ce qui relève davantage de processus généraux, permettant ainsi d’apprécier cette articulation entre travail social et action sociale.
• Incidences des deux grandes phases de décentralisation par lesquelles l’État français a fait du département un partenaire privilégié (1983) puis le chef de file de l’action sociale (2004).
• Impact des dynamiques de déconcentration (création d’entités infra-départementales : agences, unités territoriales…) et des réorganisations administratives (remplacement des directions traditionnelles par un management par pôles plus transversaux).
• Influences des alternances politiques affectant les assemblées départementales
Au final, cette contribution visera à proposer des formes renouvelées de régulation entre les différents acteurs concourant à la conception et la mise en œuvre de l’intervention sociale : élus, administratifs, travailleurs sociaux et médico-sociaux…
Mots clés :
Rationalisation, Mouvement social, Territorialisation
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