Sociographie d'actions d’ONG à destination des populations immigrées en Roumanie via l’usage des méthodes numériques en sciences sociales
Année : 2019
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
BOURDET Dany (France) – dany.bourdet@univ-lille3.fr
Résumé :
Pays d’émigration depuis la chute du régime communiste en décembre 1989 (Pittau et Ricci, 2015), la Roumanie est aussi devenue un pays d’immigration (Teodorescu, 2016). Le phénomène est certes quantitativement faible, cependant il s’est développé depuis l’adhésion du pays à l’Union Européenne le 1er janvier 2007 (MAI, 2018), notamment dans un contexte d’accroissement des flux migratoires vers l’Europe. Le nombre de demandeurs d’asile et de réfugiés en Roumanie a ainsi augmenté, le pays représentant pour eux une porte d’entrée en Europe. L’État roumain a défini des procédures administratives et propose des structures d’accueil, différents types d’aides et même un programme d’intégration pour ces migrants. Les politiques d’intégration des réfugiés s’avèrent toutefois insuffisantes tandis qu’il y a un manque de travailleurs sociaux formés à intervenir avec ce public et ce sont dès lors des organisations non-gouvernementales (ONG) qui viennent suppléer l’État dans l’intervention auprès des populations immigrées (Teodorescu, 2016), à l’instar ici de ce qui se passe dans d’autres domaines de la solidarité en Roumanie (Bourdet, 2017). C’est à ces actions mises en place par des ONG que notre étude s’intéresse. Sur la base d’un travail d’exploration et d’extraction d’informations d’un site Internet (www.romaniapozitiva.ro) qui relaie ou promeut les initiatives en Roumanie dans différents domaines, nous avons pu établir une sociographie des actions portées et/ou implémentées par des ONG à destination des réfugiés, mais aussi plus généralement des étrangers originaires de pays tiers en situation régulière, sur une période allant de 2009 à 2018. De par ses modalités, l’étude s’inscrit de fait pleinement dans les humanités numériques (Abiteboul et Hachez-Leroy Florence, 2015) et elle repose en outre sur une analyse de données qualitatives assistée par ordinateur (Miron et Dragon, 2007 ; Lejeune, 2016). Elle met en lumière que ce qui est mis en œuvre par les ONG auprès des populations immigrées prend effectivement souvent le relais de l’action de l’État roumain tout en se voyant attribuer des financements par celui-ci, contribuant de la sorte à la "publicisation" de l’action sociale à destination de ces population (Pérouse de Montclos, 2017). De services d’aide et d’assistance pour répondre aux besoins et contribuer à l'intégration sociale/socio-professionnelle des réfugiés et des étrangers extra-européens séjournant légalement en Roumanie à la promotion de leur culture et du dialogue interculturel avec les Roumains, en passant par des actions éducatives auprès des enfants réfugiés en vue de leur inclusion et de leur accommodation culturelle à la société d’accueil, notre étude rend compte des différents projets déployés par ces ONG et de ce qui les sous-tend ; elle permet par ailleurs d’entrevoir les modèles d’intervention sociale avec des populations immigrées dans lesquels ces actions semblent s’inscrire (Bolzman, 2009). Plus globalement, elle documente un champ de l’action sociale et de la solidarité en Roumanie autour d’un phénomène qui y a peu de visibilité et qui interroge pourtant le vivre ensemble dans ce pays.
Mots clés :
Intervention sociale et travail social, Société civile, Vivre ensemble, immigration
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