Quand des personnes au bénéfice de l’aide sociale participent à la formation des étudiant-e-s en travail social

Année : 2019

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

GUERRY Sophie (Suisse) – sophie.guerry@hefr.ch
REYNAUD CAROLINE (Suisse) – caroline.reynaud@hefr.ch
DONZALLAZ Karine (Suisse) – karinedonzallaz@bluewin.ch

Résumé :

L’Association internationale des écoles de travail social (IASSW) a inclus en 2004 la participation des usagers/ères dans ses standards de qualité de la formation (Laging & Heidenreich, 2017), et la valorisation des savoirs d’expériences des personnes concernées est aujourd’hui considérée dans la littérature comme le « mainstream of social work education » (Levy et al., 2016, p. 867). Les premières expériences menées dans ce sens, notamment en Europe du Nord, ont démontré la plus-value considérable que cela amène à la fois pour les étudiant-e-s, les usagers/ères impliquée-e-s dans la formation et les enseignant-e-s (Cabiati & Raineri, 2016 ; Levy et al., 2016 ; Morin & Lambert, 2017 ; Schön, 2016). Or, malgré ces résultats encourageants et l’intérêt que suscite cette approche, force est de constater que la plupart des écoles de travail social, notamment en Suisse (Eicher & Chiapparini, 2016), peinent à donner aux personnes concernées une place dépassant le témoignage ponctuel. En effet, la valorisation des savoirs d’expérience au sein de la formation constitue une démarche complexe, qui comprend de nombreux enjeux épistémologiques et éthiques (Cabiati & Raineri, 2016 ; Levy et al., 2016 ; Schön, 2016). Elle exige des institutions la mise à disposition de ressources considérables notamment au niveau temporel et matériel (Cabiati & Raineri, 2016 ; Rasmussen & Hatt, 2016), et l’adaptation de leur cadre administratif (Ager et al., 2005). Face à ces obstacles, il est primordial que les expériences de participation des usagers/ères menées soient valorisées, afin que les apprentissages réalisés puissent faciliter une implémentation plus large de cette approche dans les écoles de travail social. <br />La communication proposée vise cet objectif puisqu’elle porte sur un projet pilote qui s’est tenu en automne 2018 à la Haute école de travail social de Fribourg (Suisse). Un module de formation, intitulé « Ce que des usagers/ères ont à nous apprendre pour améliorer la pratique professionnelle », a permis à 8 personnes bénéficiant de l’aide sociale de transmettre leurs savoirs d’expériences à des étudiant-e-s en 3ème année de bachelor, et de réfléchir avec eux/elles aux implications de ces savoirs pour la pratique professionnelle. Il s’agira non seulement de présenter le concept pédagogique qui a sous-tendu cette formation, mais de discuter des apports, limites et enjeux de cette expérience du point de vue des étudiant-e-s, des usagers/ères formateurs/trices et des enseignantes responsables. <br />L’objectif de cette expérience pédagogique était de permettre à de futur-e-s travailleurs/euses social-e-s de prendre conscience de l’intérêt, pour la pratique professionnelle, d’adopter une approche participative notamment en mobilisant les savoirs issus de l’expériences des usagers/ères. Les missions du travail social, mises en évidences dans l’argumentaire de l’axe 4 du Congrès, font largement écho aux visées principales soutenues par la logique participative développée au cours du module: empowerment, reconnaissance, développement de la confiance et capacitation, promotion de la parole des populations en situation de vulnérabilité, etc. En outre, les interactions entre étudiant-e-s, usagers/ères formateurs/trices et enseignantes responsables ont placé le vivre-ensemble au cœur des principaux apprentissages respectifs réalisés: représentations mutuelles plus précises et nuancées (« dépassement des représentations sclérosées »), questionnements liés à des pratiques professionnelles perçues comme « limites voire litigieuses », ou encore valorisation de ce qui peut être considéré comme un « agir professionnel engagé ». <br />Afin que cette communication soit fidèle à l’approche prônée par l’expérience pédagogique présentée, il est prévu qu’elle soit réalisée conjointement par un-e représentant-e des usagers/ères formateurs/trices et les enseignantes responsables. <br />

Mots clés :

Participation, Pauvreté, Co-construction, Empowerment

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