Le mandataire Judiciaire à la Protection des Majeurs, un des acteurs essentiels du vivre ensemble
Année : 2019
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
POUGUE-BIIGA Jeanne (France) – jpougue@irts-ca.fr
Résumé :
Le congrès de l'AIFRIS à BEYROUTH<br /><br />Le mandataire judiciaire à la protection des majeurs, un des acteurs essentiels du vivre ensemble<br />Martin Luther King Jr. déclarait que « nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir ensemble comme des idiots ». Le vivre ensemble, dans un monde bouleversé par les tensions internationales, les flux migratoires et les catastrophes naturelles, est devenu un problème d’actualité qui impacte fortement le quotidien des individus. La notion de vivre ensemble est si intriquée par ces brûlantes problématiques qu’il peut s’avérer difficile de définir les contours même de cette notion. Ceci explique en un sens pourquoi chacun essaye de donner sa propre définition du vivre ensemble. Le concept possède toutefois une portée sémantique qu’il peut être difficile de maîtriser, soulevant le risque de voir le sens du terme galvaudé. Pour notre étude, nous proposerons la définition suivante du vivre ensemble, que nous entendons comme la capacité d'une communauté d'individus vivant dans un environnement de diversité culturelle, économique, sociale, et religieuse, mue par une volonté à cohabiter harmonieusement dans leur lieu de vie. Au regard du caractère multiple de notre société, la question première que soulève notre réflexion est de savoir si l’idéal de vie ensemble entre tous est atteignable, si ce n’est possible ? Sur la question, les avis des sociologues et des chercheurs restent partagés : Christophe Guilluy considère par exemple que la réalité du vivre ensemble n’existe pas. Alain Touraine, quant à lui, pose la question de savoir si nous pouvons atteindre cet objectif? Si vivre ensemble il y a, ce dernier soutient que le vivre ensemble suppose d’aller plus loin en développant chez chacun la capacité d’être acteur de sa propre histoire et de son propre projet de vie comme un moment social. Roland Barthes rejoint cette position en suggérant la possibilité d’un vivre ensemble développé par l’éducation . Le vivre ensemble est vu dès lors comme un objectif louable, atteignable mais surtout nécessaire si bien la société le délègue au meilleur de ses agents pour en assurer sa réalisation. En effet une certaine catégorie de personnes se trouve dans une incapacité totale d’exercice directe et personnelle de leurs droits. Le législateur a donc prévu tout d'un dispositif juridique de protection de leur personne et de leurs biens pour leur rendre malgré tout acteur et citoyen.<br />Créé par la loi n°2007-308 du 5 mars 2007 portant réforme à la protection juridique des majeurs, le Mandataire Judiciaire à la Protection des Majeurs (MJPM) constitue un lien entre le majeur protégé et la société. Il comble les défaillances inhérentes à sa vulnérabilité , en ouvrant ses droits sociaux, en traitant ses difficultés multiples en partenariat avec des professionnels et services compétents. <br />L'accompagnement tutélaire du MJPM émane d'une décision judiciaire que le majeur protégé est contraint d'accepter. Comment le professionnel appréhende une aide contrainte dans l'objectif de rendre le majeur protégé autonome et citoyen? Comment aider une personne, contre sa propre volonté? <br />Le MJPM a pour mission d’assister, de contrôler ou de représenter les personnes qui, en raison d’une altération de leurs facultés, ne sont plus capables de défendre seules leurs intérêts Cela permet dès lors de contrer d’une part la situation d’isolement rencontrée par la personne protégée et d’autre part de travailler son insertion socio-professionnelle dans toute sa globalité en lui donnant les moyens de vivre dans un espace social inclusif riche de ses diversités. Ce travail est exigeant puisqu'il arrive des moments où le MJPM doit protéger la personne contre lui-même ! Dans une interview de Branka Parmentier, le directeur de l'UDAF, Xavier Rodriguez, affirmait avec justesse que "le métier [de MJPM] était impossible mais nécessaire" . A cela d’autres professionnels de la tutelle répondaient que la profession est complexe. En effet comment gérer l’argent et les biens de la personne protégée sans toucher à l’intime ? Nous savons que l’argent focalise bien d’autres sens que l’avoir . En outre certains aimeraient que la nomination d’un tiers par le juge des tutelles résolve, dans l’immédiat, tous les problèmes que pose un majeur vulnérable vivant dans la société. Comme si le mandataire judiciaire pouvait, grâce à sa seule apparition, résoudre tous les problèmes. Mais le mandataire n’est pas un magicien» <br /> Toutefois son rôle est crucial pour favoriser la participation des majeurs protégés à l’effort de vivre ensemble dans les sociétés plurielles.<br /><br />
Mots clés :
← Retour à la liste des articles