LEE EDWARD OU JIN (Canada) – wje.lee@umontreal.ca
PARENT ANDRÉ-ANNE (Canada) – andre-anne.parent@umontreal.ca
CHEHAITLY SéBASTIEN (Canada) – sb.chehaitly@umontreal.ca

Parmi les épreuves de la vie les plus communes, la mort d’un être cher demeure un des évènements les plus bouleversants (Pomeroy, 2011). Le deuil, entendu comme un processus d’adaptation à la suite du décès d’un être cher, peut varier d’une personne à une autre en fonction des circonstances du décès, de la relation avec la personne endeuillée mais aussi du soutien dont peut ou pas bénéficier la personne endeuillée (Finfgeld-Connett, 2005; Olsson, 1997). Ce processus d’adaptation peut parfois sembler insurmontable, notamment en contexte de mort traumatique (Lambotte, de Coster et De Gheest, 2007). <br /><br />On sait que le deuil vécu au sein des communautés autochtones, notamment à travers les suicides ou homicides, est teinté par le colonialisme et les traumas historiques et intergénérationnels (Fast et Collin-Vézina, 2010). En revanche, le deuil vécu par des personnes migrantes est marqué par des rites de deuil à l’échelle transnationale et souvent dans un profond isolement en raison d’un manque de soutien social (Rachédi et coll., 2010). Le travail social, fort de son expertise sur les trajectoires et les besoins des populations vulnérables, et celle autour des réponses tant individuelles que collectives pour soutenir le bien-être des individus et favoriser la justice sociale, peut jouer un rôle important à cet égard (Fenge, 2014; Francoeur, Burke et Wilson, 2016; Simpson, 2013).<br /><br />Plusieurs conseillent, voire assistent et pratiquent différents rites de deuil reliés à la mort. Ils sont ainsi amenés à s’interroger sur le sens et la signification des rituels, ainsi que leurs transformations (Francoeur et al., 2016). Si leur implication les pousse à intervenir dans un contexte religieux et/ou spirituel parfois inconnu, on constate que les rituels sont de plus en plus orientés sur l’accompagnement des survivants dans leur traversée du deuil (Croyère et Tête, 2016; Olsson, 1997). Quoique la relation avec le travailleur social est un lieu privilégié pour discuter du sens donné ainsi que des possibilités qui y sont associées, peu de travailleurs sociaux sont formés en ce sens (Kwon, Kolomer et Alper, 2014; Simons et Park-Lee, 2009). <br /><br />La recherche en travail social sur l’intervention en contexte de deuil en est encore à ses débuts. On se pose dès lors la question : À quel point est-ce que les programmes de travail social réussissent à outiller leurs étudiants pour accompagner les personnes endeuillées, notamment en contexte de mort traumatique ou collectif? Est-ce que les pratiques permettent l’accompagnement des personnes endeuillées sur le plan spirituel ? De quelle manière l’intervention en contexte du deuil pourrait être davantage ancrée dans la justice sociale, afin de favoriser la volonté de vivre-ensemble, notamment auprès des communautés marginalisées ? <br /><br />Dans le cadre d’un compte-rendu de recherche, cette proposition vise à présenter les résultats préliminaires d’un scoping review sur l’intervention sociale et le soutien social auprès des personnes endeuillées suite à une mort. Un type de recension des écrits, le scoping review permets de recenser, d’une manière structurée et rigoureuse, un grand nombre de littératures tout en définissant les forces et les lacunes des connaissances scientifiques sur un thème particulier (Arkey et O’Malley, 2005). Les résultats du scoping review seront mobilisés dans le cadre de futures recherches menées par la nouvelle Chaire Monbourquette sur le soutien social des personnes endeuillées, situées à l’École de travail social à l’Université de Montréal. Ce compte-rendu de recherche présenter les plus récentes connaissances sur l’intervention sociale en contexte de deuil, notamment les défis associés à la formation et aux pratiques de deuil ainsi que les possibilités d’action.

Deuil et soutien social