Lorsque modéliser les pratiques de détection et d’orientation soutient le « vivre ensemble » entre professionnel·le·s issu·e·s de différents champs et engagé·e·s dans la lutte contre la violence de couple

Année : 2019

Thème : La méthodologie DOSAVI renforce les pratiques de détection et d’orientation dans le champ du travail social. Se former à ce modèle d’intervention contribue à ce que des professionnel·le·s se sentent davantage légitimé e s à intervenir auprès des personnes concernées par la violence dans le couple. Le dispositif d’intervention se trouve alors renforcé.

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

LORENZ COTTAGNOUD Susanne (Suisse) – susanne.lorenz@hevs.ch
LORENZ COTTAGNOUD Susanne (Suisse) – susanne.lorenz@hevs.ch
FLUEHMANN Christophe (Suisse) – christophe.fluehmann@hefr.ch

Résumé :

La violence au sein du couple et de la famille relève d’un problème de santé publique majeur. Cette problématique complexe concerne un nombre important de personnes et se traduit par des conséquences multiples, dont des coûts sociaux élevés (Fliedner et al., 2013 ; Nectoux et al., 2010), des atteintes à la santé et des limitations socio-professionnelles majeures pour l’ensemble des personnes concernées (Gloor & Meier, 2012; Gillioz et al., 1997 ; Halpérin, 2003; Halpérin & Bron, 2007 ; Krug et al., 2002). Afin de renforcer la lutte contre cette violence exercée dans la sphère privée, plusieurs auteur·e·s recommandent l’institution d’un dispositif d’intervention multisectoriel qui ne se limite pas aux seules mesures répressives et judiciaires (Heise & Garcia-Moreno, 2002 ; Michau et al., 2015 ; OMS, 2013). De nombreux pays, dont la Suisse, ont donc renforcé leurs dispositifs légaux et développé une chaîne d’intervention réunissant divers acteurs institutionnels agissant dans le champ de la violence. Leurs missions et publics cible varient toutefois sensiblement : si certains ont pour mandat de rappeler l’interdit de la violence et de réprimer les transgressions, d’autres soutiennent les personnes victimes et entendent veiller à leur sécurité, ou encore accompagnent les personnes auteures dans un processus de changement. En parallèle, diverses institutions sans mandat spécifique dans le domaine de la violence de couple ont développé une série de concepts pour mieux repérer les personnes concernées par cette violence, leur offrir un soutien adapté à leur besoin, respectivement leur situation, (Hofner & Mihoubi, 2008 ; Fausch, S. & Wechlin, A., 2000, Moyer, 2013 ; Rinfret-Raynor et al., 2010), ceci notamment dans le but d’offrir des réponses qui contribuent à la prévention de la violence dans le couple.<br />Les plans d’action développés dans le cadre des politiques publiques s’inspirent notamment de constats provenant du modèle DULUTH (Hermann et al., 2014 ; Shepard 1992). Ils tendent à un renforcement du maillage et de la collaboration entre des organisations, même si leurs mandats respectifs s’opposent a priori et que leur degré d’expertise dans le champ de la violence de couple varie sensiblement. Dans ce contexte, on peut se demander si la collaboration, respectivement le « vivre ensemble » entre ces institutions, va de soi et dans quelle mesure il peut être soutenu, respectivement renforcé pour que les pratiques instituées contribuent à la cessation durable de la violence dans le couple.<br />Cette communication a pour objectif de mettre en discussion la manière dont l’explicitation – dans le cadre d’un document de référence et d’un module de formation – des pratiques de détection et d’orientation dans le champ du travail social contribue au « vivre et au faire ensemble » de professionnel·le·s travaillant dans des institutions avec ou sans mandat spécifique dans le domaine de la violence. <br />Nous entendons démontrer comment la méthodologie DOSAVI, conçue grâce à l’implication de praticien·ne·s du travail social, offre des clés de lecture pragmatiques pour appréhender leur rôle dans l’accès à des prestations spécialisées. Nous entendons également démontrer que le développement d’une expertise dans la détection et l’orientation soutient l’implication active des intervenant·e·s sociaux et un « agir ensemble » avec d’autres membres du réseau, chacun intervenant dans un espace d’action certes spécifique mais aussi complémentaire. Le recueil des expériences d’un groupe d’intervenant·e·s formé·e·s à la méthodologie montre que ce changement de paradigme prévient l’écueil de pratiques situées aux antipodes les unes des autres, et qui consistent soit à ne « rien faire » en présence de personnes vivant de la violence dans leur couple, soit à vouloir « tout faire » au risque de se substituer aux services spécialisés (Hofner et Mihoubi, 2008).<br />

Mots clés :

Méthodologie, Intervention sociale et travail social, Détection et orientation, violence dans le couple

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