PDF FR

Familles autochtones en milieu urbain et services de protection de l’enfance : comprendre l’expérience pour mieux soutenir les familles

Année : 2019

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

ALBERT Hélène (Canada) – helene.albert@UMoncton.ca

Résumé :

La communication qui est ici proposée s’inscrit dans l’axe 2, soit la lutte contre les inégalités et a comme objectif de présenter les résultats d’une recherche portant sur l’expérience des familles autochtones vivant en milieu urbain qui ont eu à transiger avec les services de protection de l’enfance. Au Canada, les Autochtones ont historiquement été contraints, en raison de la Loi sur les Indiens, de demeurer dans des réserves qui sont essentiellement des régions géographiques où qui regroupent des communautés des Premières nations (Statistique Canada, 2011). Or, les Autochtones au Canada vivent de plus en plus hors réserve, et davantage en milieu urbain. En fait, alors que plus de la moitié des personnes autochtones vivent en milieu urbain dans l’ensemble du pays, selon les chiffres de 2016, il s’agit de six Autochtones sur sept, soit 84,5% dans les provinces Atlantique (Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve et Labrador) (Statistique Canada, 2016). Dans la plupart des communautés autochtones, voire des «réserves», les services de protection de l’enfance sont gérés par les communautés elles-mêmes, par et pour les leurs. Cependant, en situation urbaine, les services de protection de l’enfance sont déployés de manière uniforme aux non-Autochtones et aux Autochtones, sans égard particulier aux enjeux historiques et culturelles. Par surcroit, les enfants autochtones sont largement surreprésentés dans les services de protection de l’enfance (Blackstock, Trocmé & Bennett, 2004).<br />Ce projet de recherche mené par la communauté, tel que l’entend la chercheure Maori Linda Tuhiwai Smith (2012), visait trois objectifs : 1) entendre la voix des parents autochtones ayant des enfants pris en charge vivant à Fredericton et à Halifax, afin de comprendre leur expérience, leurs défis et leurs besoins; 2) identifier des moyens pour réduire le nombre d'enfants autochtones placés en famille d’accueil et pour aider les parents à prendre soin de leurs propres enfants; 3) promouvoir le bien-être des familles autochtones vivant dans les villes du Canada atlantique, notamment Fredericton et Halifax. <br />Cette recherche porte autant sur les résultats que sur la méthodologie. Les données nécessaires à ce projet ont été recueillies au moyen d'entretiens de groupe non structurés et semi-structurés, qui ont pris la forme de « cercles d’échange ». Ces derniers ont été animés par une ainée autochtone de manière à assurer le respect des pratiques culturelles et la création d’espaces sûrs pour permettre aux participants d’échanger leurs points de vue et de raconter leur vie sans peur ni jugement. La présence d’une aînée visait aussi à assurer le soutien nécessaire dans un contexte pouvant faire ressurgir des expériences et souvenirs troublants du passé alors que certains renouaient avec leur identité autochtone (Mckenzie et Morrissette, 2002). Un groupe de participants a été réuni dans chaque ville, soit huit à Halifax et six à Fredericton. Ces groupes ont participé à une série de quatre ou cinq cercles d’échange d’une durée d’environ deux heures. Les transcriptions de ces rencontres ont été analysées selon la méthode d’analyse de contenu thématique (Quivy et Van Campenhoudt, 2006). <br />Les résultats ont, entre autres, mis en lumière l’importance d’intervenir en soutenant les familles, en se préoccupant de la voix des enfants, et en impliquant des intervenants ou des sages autochtones. Ils ont aussi illustré la nécessité de transformer le système dans une perspective de décolonisation des pratiques. De plus, les résultats soulèvent des enjeux quant à la relation des travailleuses sociales avec les familles, à l’importance pour ces interveantes de développer des pratiques ancrées dans la culture autochtone, et à la nécessité d’assurer aux travailleuses sociales l’accès à des ressources pour soutenir les familles afin de réellement contribuer à leur mieux-être. <br />

Mots clés :

Autochtones, protection, familles

← Retour à la liste des articles