La fabrication de la citoyenneté juvénile dans les rituels politiques en Suisse romande : une perspective diachronique<br /><br /> (Axe 1)

Année : 2019

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

CSUPOR Isabelle (Suisse) – isabelle.csupor@hetsl.ch

Résumé :

Depuis un siècle, Genève organise une cérémonie, appelée à son origine « promotions civiques », destinée à fêter l’accession des jeunes à leur majorité civile et civique. Plus tard, ces rites politiques se diffusent largement et font partie intégrante aujourd’hui de l’agenda politique de la majorité des communes, tout au moins dans les cantons de Genève et de Fribourg qui ont fait l’objet de la présente recherche.<br />Mais que signifie ce passage à la majorité et à la citoyenneté pour les autorités qui organisent ces promotions citoyennes et pour les jeunes qui y participent ? Comment les autorités appellent-elles à la citoyenneté lors de ces cérémonies ? Quels discours tiennent-elles sur cette citoyenneté, comment la définissent-elles ? <br />La présente recherche (financée par le FNS-DoRe et réalisée avec Laurence Ossipow et Maxime Felder), de type ethnographique repose sur l’observation répétée de ces cérémonies dans 6 communes fribourgeoises et genevoises ; 80 entretiens auprès des jeunes ; des focus-groups avec les instances organisatrices, un recensement systématique des cérémonies dans l’ensemble des communes genevoises et fribourgeoises, 597 questionnaires auto-administrés auprès des jeunes participant•e•s. <br />Dans la présente contribution, nous souhaitons mettre l’accent sur une compréhension diachronique du phénomène à partir d’un corpus de données comprenant des sources directes comme les notes de discours, instructions, débats au Conseil municipal, etc. et des sources indirectes tirées de la presse quotidienne genevoise. <br />Nous souhaitons ainsi montrer dans quel contexte a émergé cette cérémonie, comment elle a été pensée par ses organisateurs, puis s’est modifiée au fil du temps et, ce faisant, comment du même coup, se sont progressivement déplacés les contours de qui « est appelé citoyenneté » (Isin 2008, Neveu, 2013). Cette approche – reposant sur une conception fluide et dynamique de la citoyenneté (Isin, 2008) - permet de considérer celle-ci comme toujours en chantier, enchevêtrée dans des enjeux de normalisation et de différenciation. Cette perspective permet ainsi de prendre la pleine mesure du caractère processuel et relationnel de la citoyenneté (Neveu 2013, p.208). Replacés dans leur contexte, les propos des orateurs – puis bien plus tard des oratrices - lors de cérémonies en éclairent les différentes conceptions, les attentes formulées à l’égard des jeunes dans leur transition à l’âge adulte, mais aussi ce que ces derniers et dernières, dans leurs propres discours tantôt modérés et conformistes, tantôt contestataires et en rupture avec leurs aîné•e•s donnent à comprendre. De la figure du « citoyen-soldat » à celle de « citoyen•ne du monde », c’est tout un champ sémantique qui se déploie et qui associe la citoyenneté à des univers aussi distincts que l’armée, le suffrage féminin, la migration, l’écologie, l’engagement et la participation, l’abstentionnisme, etc. En multipliant ainsi les focales, nous relions ces pratiques contextualisées aux « significations qui leur sont attachées, [à] leur variabilité et [à] leur encastrement dans des relations sociales et politiques changeantes » (Ibid, p.209) et montrons comment les contours de la citoyenneté se définissent notamment à partir de celles et ceux qui en sont exclu•e•s en fonction de leur genre, de leur nationalité et de leur statut de résidence ou encore de leur âge.<br />

Mots clés :

Citoyenneté, Participation, jeunesses

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