FADDOUL Maxime (Canada) – maxime.faddoul@gmail.com

La recherche et la pratique du travail social avec les communautés trans s’est entamée par l’encadrement et le contrôle des parcours de transition (gatekeeping). Toutefois, depuis les dernières années, on observe que la profession du travail social au Canada amorce un virage vers des pratiques trans-affirmatives plutôt que correctives en intervention avec les personnes trans (ACTS et ACFTS, 2015 ; OTSTCFQ, 2018). En ce qui concerne la formation en travail social, elle témoigne, encore à ce jour, d’une absence ou d’une rareté du contenu sur les questions trans. Par conséquent, les travailleur·se·s sociaux ne sont pas préparé·e·s à travailler avec les personnes trans. <br /><br />Cette communication porte sur ma recherche de maîtrise en travail social intitulée « Articulation des questions trans en travail social : pratiques et points de vue des intervenant·e·s sociaux ». Le but de cette recherche était de cerner les pratiques d’intervention sociale mises en œuvre auprès des personnes trans dans les milieux institutionnels, communautaires et privés à Montréal et d’examiner comment celles-ci répondent à leurs besoins. <br /><br />D’une part, le cadre conceptuel de cette recherche s’appuie sur des concepts issus des études et mouvements trans comme le cisgenrisme (Baril, 2013 ; Lennon et Mistler, 2014), la cis(genre)normativité (Baril, 2009 ; Bauer et al., 2009) et la transmisogynie (Serano, 2007). D’autre part, il mobilise les travaux de Karen Healy ([2005] 2014) qui portent sur les contextes organisationnels de la pratique du travail social et sur les différents discours traversant et façonnant ces contextes. À partir d’un ancrage dans une méthodologie féministe et qualitative, neuf entrevues semi-dirigées ont été réalisées avec des intervenant·e·s sociaux travaillant avec des personnes trans dans les milieux institutionnel, communautaire et privé. <br /><br />Cette présentation vise à présenter les résultats et analyses qui découlent de cette recherche. Tout d’abord, je présenterai des obstacles à l’intervention et des leviers utilisés pour répondre aux besoins des communautés trans dans la grande région de Montréal, soit l’accès aux services sociaux, communautaires et de santé, l’autodétermination, le soutien social, le respect de leurs droits et libertés fondamentales et l’exploration de leur identité de genre. <br /><br />Par la suite, je discuterai de l’imprévisibilité des services octroyés aux personnes trans. Cette imprévisibilité résulte des limites des connaissances et des compréhensions de la transitude des intervenant·e·s sociaux. J’en expose par la suite les conséquences pour le groupe concerné, soit le refus de service et le risque de faire face à une inégalité de services, c’est-à-dire à une disparité dans l’offre de services et la qualité des services reçus. En conclusion, je présenterai des stratégies pour lutter contre la cisnormativité en intervention, soit la posture de l’intervenant·e, ses connaissances et son engagement social et politique.<br />

Intervention sociale et travail social, Genre, Féministes, Cisnormativité