Lutte à la pauvreté au Québec : la municipalisation du développement social

Année : 2019

Thème : Les acteurs du développement social comme médiateurs des besoins des citoyennes et des citoyens de leur communauté

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

ST-AMOUR Nathalie (Canada) – nathalie.st-amour@uqo.ca
FOISY Dominic (Canada) – dominic.foisy@uqo.ca

Résumé :

En 2014, dans un cadre d’austérité budgétaire, le gouvernement du Québec annonçait des mesures dont la mise en œuvre a provoqué une restructuration du développement social dans la province. Avec ces orientations, les élus locaux voient s’accroitre leur pouvoir et leurs responsabilités en matière de développement social (Bourque, 2017) tout en devant composer avec des coupures budgétaires importantes. La décentralisation qui s’opère suite à ces changements donne lieu à l’émergence de modèles variés de développement social dans les différentes régions de la province. Cette communication propose de témoigner de la manière dont cette restructuration se déroule en Outaouais. Les données qui seront présentées lors du colloque proviennent d’une recherche participative en cours en dans cette région. Financée par le partenariat de recherche ARIMA, l’étude vise à comprendre les processus de planification sociale entrepris par les acteurs du développement social de cette région par le biais de l’analyse de réseau. La communication, quant à elle, a comme objectif de rendre compte du processus de mobilisation des acteurs des Tables locales de développement social, qui se sont regroupés afin de mettre en place une instance de gouvernance régionale en développement social. La création de ce nouveau palier de concertation comporte certes des défis mais elle témoigne également du fait que les acteurs locaux ont saisi l’occasion créée par la décentralisation pour se poser comme médiateurs des besoins des citoyens de leur territoire, notamment sur la question de la lutte contre la pauvreté.<br />Le modèle québécois de développement: des acteurs et des institutions <br />Le modèle québécois est caractérisé par le fait qu’il favorise la mixité du marché, du public et de l’économie sociale et solidaire, de même que par le dialogue qui s’est instauré entre l’État et les acteurs de la société civile (Bourque, 2017) à partir de années 1980 et se poursuivra jusqu’au début des années 2000 malgré la prégnance internationale de l’idéologie néolibérale qui se fait aussi sentir au Québec (Vaillancourt, 2017). Ce modèle a permis l’émergence de politiques sociales innovantes. <br />La municipalisation du développement social et abolition d’institutions qui favorisent la concertation entre les élus et la société civile À partir d’un argumentaire qui mobilise essentiellement des éléments gestionnaires qui auraient comme objectif de rendre le système plus efficace tout en proposant de dégager des économies de fonctionnement, le gouvernement libéral en poste en 2014 a entrepris des réformes qui ont transformées les relations entre l’État et son territoire (Chiasson, Fournis, et Mévellec, 2014; Pineault, 2015). Concrètement, une réforme lourde des institutions en place, dont l’abolition des Conseils régional des élus (CRÉ), retourne le pouvoir vers les municipalités et concède le pouvoir aux élus locaux au dépend des concertations régionales qui s’étaient développées lors de la mise en place des Conseils locaux de développement (CLD) et qui avaient résisté, dans certaines régions, à la tentative du gouvernement précédent d’évacuer les acteurs de la société civile de la gestion des enjeux régionaux. <br />Les arrangements institutionnels qui ont prévalu avant cette période, qui ont réuni les élus et les acteurs sociaux dans la co-construction des politiques publiques, tel qu’ils ont été vécus en Outaouais, sont certainement un élément qui éclaire la possibilité des acteurs du développement social de cette région de s’interposer comme représentants des besoins des citoyens de leur communauté. Le nouveau contexte suppose également et par contre que les élus municipaux choisissent d’adopter « une gouvernance collaborative de proximité » (Belley, 2016 : 5) afin de permettre aux acteurs des Tables locales de développement social de jouer ce rôle. <br />

Mots clés :

Pauvreté, Politique sociale, Concertation locale

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