VIVRE ENSEMBLE EN VILLE : le cas des quartiers du Grand-Tunis: Banlieue Nord ,centre et Banlieue Sud. <br />

Année : 2019

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

HAMMAMI AMEL (TUNISIE) – hammamiamel44@yahoo.fr

Résumé :

Notre communication porte sur le thème"vivre ensemble en ville", une problématique dont les dimensions sont incontournables.Elle se situe dans le contexte tunisien et prend les quartiers du Grand-Tunis comme cadre d'observation et d'analyse.Le mobilier et l'infrastructure de ces derniers ne semblent pas identiques particulièrement les espaces de circulation:voies, nœuds, trottoirs, éclairage, transport,imagibilité (Lynch).Nous apercevons des quartiers favorisés et d'autres défavorisés d'où un sentiment de frustration et d'injustice chez les personnes vivant dans les zones populaires.Les indices d’une telle inégalité apparaissent dans les équipement socio-collectifs et les microcoupures: bordures de trottoir hautes, revêtements défectueux et dangereux,artères sans aménagement cyclable.Nous partons de l'hypothèse d'une politique urbaine ségrégative dépourvue de visage humain, d'équité sociale et ignorant la similitude des besoins de l'homme :boire, manger, circuler.. indépendamment du lieu où il habite et de son statut social. Il existe certes des catégories sociales économiquement déshéritées, mais l’être humain est irréductible. Il est partout le même et aspire à la dignité inhérente à toute personne humaine.Or, vivant dans une société contemporaine hiérarchisée où,malgré les échanges humains,les différences socio économiques demeurent omniprésentes, les décideurs ont tendance à suivre une stratégie reposant "sur un modèle d’organisation de l’espace consistant à entasser les personnes de catégories socialement démunies et fragiles dans des lieux caractérisés par leur dévalorisation et leur délabrement."(Fisher).Cette stratégie menacerait le "vivre ensemble en ville" et annoncerait une sécession et une ségrégation socio spatiale.Sachant que Tunis ne dispose pas d’une place publique, seul endroit où pourraient se rencontrer les citoyens en étant égaux. En effet et d’un point de vue social, nous constatons une "forte séparation spatiale des habitants voire un repli sur la communauté immédiate et une différenciation croissante des pratiques sociales dans la ville (Jaglin,Bénit-G)La gouvernance des acteurs urbains semble l’un des facteurs principaux de ce contraste.lls paraissent avoir un"savoir centripète et égocentrique"(Bouinot)reposant sur la sur-information relative sur les quartiers nantis et la sous-information sur ceux défavorisés et éloignés de leurs préoccupations professionnelles.La survalorisation des premiers et la sous-valorisation des seconds apparaissent indubitables! D'où une autre hypothèse jaillit tel l’affaiblissement des relations sociales entre les quartiers au sein d’une entité urbaine plus vaste. Il semble qu’elle se décline sur tous les plans en causant une ségrégation sociale d'où un malaise chez les habitants des zones populaires suite à la frustration et à l’injustice ressenties.Cela pourrait causer un désarroi psychologique affectant la vie relationnelle des citoyens et engendrant des violences latentes et réelles ainsi que des conflits et tensions entre les habitants des deux types de quartiers.Injustice et sentiment d’exclusion sont éprouvés par les catégories sociales économiquement déshéritées à l’endroit de la ville, lieu d'identité. Pour vérifier ces hypothèses, nous avons fait une observation visuelle pour un relevé d’état détaillé de l’environnement physique des quartiers du Grand-Tunis.Nous l’avons complété par un entretien semi-directif auprès des habitants pour examiner la problématique du « vivre ensemble » semblant en crise et exposé à une altération. Le but est de dégager la perception d’une telle discrimination chez ces derniers à travers leur vécu. Et comptant transmettre aux décideurs l’image que se font les usagers de leur cadre de vie frappé par les stigmates de l’inconfort suite à la gouvernance dépourvue de visage humain, nous avons fait avec eux des entrevues.Ce choix suppose que la réponse à notre problématique réside dans la volonté et la capacité socio politique de promouvoir une conception de l’aménagement des quartiers urbains qui tienne compte des besoins identiques des citoyens et des acquis des enquêtes sur le terrain dévoilant l’impact d’une mauvaise gouvernance centripète sur le "vivre ensemble en ville".La majorité de nos interviewés habitants les quartiers défavorisés se considèrent exclus de la ville et disent ironiquement qu’ils ne "font pas partie des citoyens du pays".Sachant que d’un point de vue étymologique, le terme citoyen «vient du latin civitas qui signifie"avoir droit de cité".Ce sentiment d’exclusion a donné lieu à une frustration se manifestant par des attitudes de repli chez certains d’entre eux et par diverses formes de violence chez d’autres:criminalité, vol, viol..Par crainte, les interviewés nantis et résidant dans les secteurs bien aménagés ont adopté des comportements de" privatisation" et de repliement sur soi. Leur vie privée paraît sombrer dans une sphère dépourvue de mixité sociale d’où l’existence de deux mondes différents évitant toute occasion de rencontre. Nous avons déduit que l’aménagement urbain clivé a engendré une ségrégation socio spatiale se répercutant sur les rapports sociaux et sur la mixité sociale.Certes nous vivons dans une société moderne rigoureusement hiérarchisée,mais les quartiers urbains où nous nous déplaçons et circulons devraient faire l’objet d’opérations urbanistiques identiques répondant aux besoins universels de l’espèce humaine quel que soit le statut socioculturel dont dispose les citoyens.Notre approche serait alors"aménager sans exclure"pour vivre ensemble dans un environnement urbain qualitatif voire gentrifié.Il s’agit d’appeler les aménageurs publics et privés à une attitude responsable et agile pour que les quartiers urbains soient un cadre agréable pour tous les citoyens en n’excluant personne. Nous proposons une stratégie où"tous les acteurs doivent prendre part au processus de décisions les "institutionnels "comme les "non institutionnels" les"forts" comme les faibles"les riches comme les pauvres.Ils seraient assistés et encadrés par un agent médiateur: un professionnel de l’urbanisme et de l’action sociale pour négocier et réguler les situations conflictuelles tout en soutenant les individus souffrant de cette exclusion. De plus,la conception d’ une place publique au centre de la ville créerait des occasions d’échanges humains où se rencontreraient tous les citoyens, en étant égaux,dans ses allées,ses bancs, ses coins et ses recoins.......

Mots clés :

Développement social urbain, Banlieue, Equité sociale, Vivre ensemble, ville injustice , exclusion,sécession,ségrégation socio spatiale,frustration,régulation ,négociation.

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