SILVA Pedro Gabriel (Portugal) – pgpsilva@utad.pt

La réception et intégration de réfugiés au Portugal après les dispositions du Programme de réinstallation de l’Union Européenne (UE) est le sujet de cette communication. Contrairement à d'autres pays de l'UE ayant une tradition historique plus large d'accueil de migrants forcés, une expertise bien développée et des dispositifs d'intégration structurés, le Portugal a accepté le défi d’accueillir une quota de réfugiés à la suite d'engagements prises avec l'UE après le 2015.<br />Un nombre estimé de 4486 réfugiés, provenant principalement de camps en Grèce et en Italie, ont été acceptés par les autorités portugaises. Contrairement à d’autres pays, soumis à des pressions politiques xénophobes et à des revendications nationalistes, le Portugal a fait preuve d'ouverture politique vers l'accueil des réfugiés, bénéficient d’un assez large consensus public sur le sujet. En conséquence, les réfugiés ont commencé à être réinstallés dans tout le pays avec le soutien des organisations de solidarité sociale du troisième secteur et des municipalités, soit dans les centres urbains plus cosmopolites, soit aux périphéries rurales.<br />L’intervention sociale directe et la mise en place des dispositifs d’intégration sociale touchait prioritairement aux municipalités et aux agences locales des ONG, sous la direction de deux organisations «chapeau» (the Conseil Portugais pour les Réfugiés et la Plate-forme de Soutien aux Réfugiés). Les municipalités adhérentes et les organisations du troisième secteur ont accepté le défi et ont fourni leurs ressources pour accueillir les personnes et les familles de réfugiés. <br />Cette communication est le produit d’une recherche en cours sur le processus d’accueil et d’intégration des réfugiés dans l’intérieur du Portugal. Avec ce travail, nous entendons discuter des expériences de praticiens qui, au niveau local, étaient chargés de fournir les réponses sociales façonnées par les lois d’asile portugaises.<br />La recherche, commencée en 2017, s'appuyait sur trois entretiens semi-structurés avec des coordinateurs des organisations «chapeau» mentionnées. Pour suivre sur le terrain les expériences d’accueil, on a choisi quatre lieux d’accueil des réfugiés dans les districts de Porto, Braga, Vila Real et Viseu, dans le nord du pays, où huit travailleurs sociaux dans les ONGs et dans les municipalités ont été interviewées. Dans une municipalité de l’intérieur centre du pays (district de Castelo Branco) les entretiens avec une assistante sociale et un médiateur culturelle ont été complétés par une enquête ethnographique, mettant l'accent sur les interactions établies avec un groupe de cinq réfugiés.<br />Parmi les résultats de la recherche, nous soulignons le fait que, en agissant en tant que «traducteurs» et «interprètes» des principes juridiques établis, les praticiens sont confrontés à des multiples contraintes structurelles, principalement en raison de l'absence de réponses sociales intégrées, la carence de dispositifs, ressources et le savoir-faire spécifique en matière d’intervention culturellement sensible <br />Ces contraintes contribuent à limiter la concrétisation des droits des réfugiés, rendant leur intégration sociale plus difficile à atteindre. Face à l’inexistence d’un dispositif d'intégration structuré, les praticiens ont tendance à improviser des solutions en adaptant leurs procédures, routines de travail et instruments de pratique habituels, attrayant à des arrangements informels en profitant les réseaux et contacts locaux.<br />La recherche a examiné la manière dont l'accueil des réfugiés était menée, en identifiant une série de déficiences structurelles. Les informations collectées par le contact direct avec les contextes locaux de pratique et les praticiens peuvent contribuer à définir une stratégie nationale plus structurée et améliorer les dispositifs d'accueil et d'intégration des réfugiés au Portugal.

Politique sociale, Zone rural, Accueil et intégration de réfugiés