Défendre des droits, créer des liens, militer : conceptions du travail social chez des intervenants sociaux œuvrant au sein d’organismes communautaires au Québec.
Année : 2019
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
CHOUINARD Isabelle (Canada) – isabelle.chouinard3@uqat.ca
NOËL France (Canada) – france.noel@uqat.ca
Résumé :
Il est connu que l’identité professionnelle en travail social se trouve au cœur de débats chez les acteurs de la profession, notamment chez les membres de l’Ordre professionnel régissant la pratique des travailleurs sociaux au Québec. Alors que l’identité des travailleurs sociaux repose sur l’adoption d’un langage professionnel mettant de l’avant une posture de l’expert (Chouinard, 2016) et sur l’idée d’une aide apportée à des usagers de services sociosanitaires publics, aide formalisée autour de la notion d’intervention (Caron et Chouinard, soumis), celle des intervenants sociaux en milieux communautaires s’articule autour des dimensions idéologiques et axiologiques du travail social (Ion et Ravon, 2005), dimensions comportant un faible capital social dans le champ général des professions. Considérant le rôle crucial que les intervenants sociaux des organismes communautaires ont à assumer à l’heure actuelle en termes de création de lien social auprès de populations exclues ou marginalisées, de défense des droits humains et sociaux et de changement social, la consolidation d’un socle identitaire permettant d’expliciter et de légitimer sa pratique face à la population et à l’ensemble des acteurs du champ socioprofessionnel constitue un enjeu. <br />Connaissant cette influence marquante de l’adhésion des intervenants sociaux en milieux communautaires à un ensemble de valeurs et de croyances véhiculées sur le travail social sur leur identité, une étude s’est intéressée à leurs conceptions à l’égard du travail social. Le cadre de référence retenu pour cette recherche s’est appuyé sur les travaux en analyse structurale du discours (Dubar, 2002; Dubar et Tripier, 1998). Ceux-ci mettent de l’avant l’idée que l’identité professionnelle d’un groupe est liée à la présence, chez les membres, d’un sentiment d’appartenance à la profession, à l’adoption d’un discours professionnel spécifique et à l’adhésion aux représentations de la profession partagées par l’ensemble de ce groupe. Le recours à un type de discours par les acteurs est donc toujours appuyée par des conceptions du travail dominantes et dépend de leurs systèmes de référence, des valeurs de leur profession, et aussi de leurs contextes de pratique. Le fait d’accéder à la façon dont les intervenants sociaux d’organismes communautaires définissent leur travail a dès lors permis d’en apprendre davantage sur leurs référents et sur leurs modalités d’identification socioprofessionnelle. <br />Le devis général privilégié pour cette étude est de type qualitatif et ses visées sont de nature descriptive et exploratoire (De Ketele et Roegiers, 1996). La méthode de collecte des données a consisté en un questionnaire à compléter en ligne et ayant été distribué aux intervenants sociaux œuvrant dans des organismes communautaires de la région de l’Abitibi-Témiscamingue. Le questionnaire a permis de recueillir les conceptions des intervenants sociaux sur le travail social et sur ses finalités. Le corpus des données a été analysé à partir de la méthode d’analyse structurale du discours, laquelle permet une réduction maîtrisée du discours de professionnels afin d’en dégager le noyau d’une forme identitaire (Demazière et Dubar, 2004).<br />Cette communication vise à présenter les résultats issus de cette recherche, qui s’inscrit plus largement dans les travaux de l’Équipe de recherche et d’analyse des pratiques professionnelles (ERAPP) dans les métiers relationnels. Après avoir exposé brièvement la problématique générale dans laquelle s’est insérée cette recherche, la trame conceptuelle ayant structuré l’analyse, ainsi que la méthodologie ayant été privilégiée, les résultats seront détaillés. Il sera dès lors possible de constater que le socle identitaire des participants à l’étude repose sur l’adoption d’un discours rappelant les fondements axio-idéologiques sur lesquels le travail social s’est érigé.
Mots clés :
Intervention sociale et travail social, Culture professionnelle, Identité professionnelle
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