ANSELME Marina (France)

Cette communication s’appuie sur les résultats de deux recherches, à savoir : une recherche doctorale concernant le rapport à la citoyenneté des jeunes issus de l’immigration de culture musulmane résidant dans la région frontalière franco-suisse ; et une recherche en cours soutenue par le CEDIC qui poursuit le chemin ouvert par la première tout en l’approfondissant et qui se centre sur la construction identitaire et le rapport à la citoyenneté des jeunes d’origine immigrée - en l’occurrence avec des racines dans des pays de l’Afrique Subsaharienne - et habitant la région frontalière franco-suisse. De ce fait, cette communication s’inscrit dans l’axe 3 du débat proposé : Recherches, pratiques et expériences de terrain.

L’évolution du rapport à la citoyenneté dans les sociétés du Nord est un sujet à la fois central et transversal de la recherche sur les modalités d’intégration de sa population jeune issue de l’immigration. Néanmoins, les recherches dans ce domaine, du point de vue de l’acteur (qui focalisent l’attention sur la parole et le vécu des jeunes issus de l’immigration sur leur rapport à la citoyenneté) comme c’est le cas ici, n’ont pas été nombreuses jusqu’à présent, même si l’enjeu de l’exercice de la citoyenneté par des jeunes minoritaires est fort important car de lui dépend l’existence de nos démocraties et la pérennisation de la culture du respect de la diversité et des droits de l’homme.

Se référer à la citoyenneté comme une représentation structurant le rapport à autrui dans l’espace public et, de ce fait, comme élément structurant la vie sociale et politique d’un pays, nous conduit à réfléchir sur les manières d’être et de vivre ensemble aujourd’hui, ce qui devient encore plus complexe s’agissant des contextes binationaux. Les zones frontalières constituent des exemples paradigmatiques de ces nouveaux espaces d’articulation entre les expériences concrètes des individus et les référents institutionnelles. Ce sont ainsi des lieux qui peuvent susciter non seulement de nouvelles formes de réorganisation des activités sociales et économiques, mais également de recompositions identitaires et citoyennes.

L’exercice de la citoyenneté – et du rôle citoyen - par ceux et celles qui, de part leurs origines ont plus de difficultés à trouver une place reconnue et digne dans nos société, soulève vraisemblablement la question sur les modes d’intervention des travailleurs sociaux face à la fragilité du lien social et sur le type de stratégies qui pourraient le renforcer. Autrement dit, comment peuvent-ils mobiliser les compétences citoyennes des jeunes usagers au service du sens critique et du bien commun au-delà des intérêts catégoriels et/ou communautaires ? C’est dans le cadre de ces questionnements que nous présentons cette communication en forme de compte rendu de recherche.

La construction de cette communication, se fera donc, en partageant une typologie regroupant au moins trois modèles ou systèmes de représentations du rôle citoyen à partir du regard des jeunes. Ces modèles sont composés des représentations et des pratiques rendant compte de différentes formes qui adoptent le rapport à la citoyenneté et le rôle citoyen dans les discours des jeunes d’origine immigrée. Le but ultime étant de partager des éléments de réponse sur les types de liens d’appartenance à la société que ses jeunes construisent, et les enjeux qui en découlent en termes de participation sociale, d’intégration et du rapport au collectif et à leurs communautés.

Cette communication a aussi un lien fort avec l’axe de l’action publique, puisque les politiques et les interventions sociales mises en œuvre en relation avec la jeunesse doivent tenir compte des représentations que les jeunes eux-mêmes ont de la citoyenneté et du rôle citoyen.

Citoyenneté, Acteurs, Cohésion sociale, jeunesse, migration, diversité culturelle