« L’accueil des migrants » : des liens difficiles entre professionnels du travail social et « citoyens » ?
Année : 2019
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
GASPAR Jean-François (Belgique) – gasparjf@helha.be
Résumé :
Au printemps 2015, de nombreux Syriens quittent leur pays ; c’est aussi le cas pour des Afghans, des Irakiens, des Érythréens, etc. Leur quête : la sécurité. Si la toute grande majorité d’entre eux est accueillie dans les pays limitrophes (particulièrement concernant la Syrie, le Liban), certains arrivent aussi en Europe (Loyer, 2017 ; Whitol de Wenden, 2016). L’Allemagne fait alors figure d’élève modèle en Europe occidentale et la chancelière A. Merkel marque les esprits en ouvrant largement les portes de son pays (entre 900 000 et 1 100 000 migrants accueillis). Si elle est alors largement soutenue dans l’opinion publique (95% de soutien pour l’accueil, même si plus de 35% des Allemands craignent alors des conséquences négatives), l’opinion va cependant progressivement se retourner (Dubslaff, 2016). <br />En Belgique c’est à Bruxelles, à côté de l’Office des étrangers dans le Parc Maximilien où un campement s’établit, que se concentrent les migrants qui cherchent à obtenir un titre de séjour. La politique migratoire belge de l’asile n’est alors pas – et toujours pas – centrée sur l’accueil. Des citoyens, palliant l’inaction de l’État, viennent en aide à ces migrants : repas, vêtements, hébergement tels sont alors les ressorts de leur action et les ressorts traditionnels de toute aide d’urgence (Fassin, 2001 ; Retière, 2002 ; Retière & Le Crom, 2018). Progressivement des liens se tissent entre ces citoyens et, en septembre 2015, est créée « La plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés ». Le mode d’action de la Plateforme se développe : de l’aide urgente (Vertongen, 2018) à l’accompagnement dans les démarches administratives, médicales, sociales, dans la recherche de parents - souvent en vue d’un regroupement familial - (Briké, 2017), dans la sortie de cette zone du Parc Maximilien, définie peu à peu dans les médias comme « dangereuse » voire « criminogène ». Ces « citoyens » rencontrent ainsi des travailleurs sociaux dont les services prennent en charge une partie de la problématique des migrants. <br />Comment se passent ces rencontres ? Quelles sont les attentes des « citoyens » vis-à-vis des travailleurs sociaux et des travailleurs sociaux envers les citoyens ? Quelles sont les problématiques, vécues par les migrants, convoquées dans les argumentations, les justifications des uns et des autres et comment le sont-elles ? Sur quels thèmes s’opèrent d’une part les collaborations, les échanges, mais aussi parfois la méfiance, la peur d’être dépossédé d’un côté d’« un élan de générosité », d’« une solidarité naturelle » et d’autre part de l’expertise professionnelle ; comment s’érigent ainsi les « frontières » (Abbott, 1998) entre activités professionnelles et citoyennes ? Comment aussi dans ce cadre s’établissent les divergences entre un collectif de services, d’associations venant en aide aux sans-papiers, depuis de nombreuses années, et la Plateforme citoyennes. C’est autour de ces questions interrogeant le « vivre ensemble » et la relation entre citoyens et professionnels du travail social que se déroule actuellement une recherche prenant appui sur des entretiens semi-directifs et des études de cas. La communication lors du colloque sera l’occasion de présenter les premiers résultats.
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