Une intervention de proximité pour mieux vivre ensemble dans un quartier à forte mixité sociale : le rôle d’un « agent de mixité » dans la vie des personnes vivant une situation d’itinérance au coeur du secteur Saint-Roch

Année : 2019

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

FONTAINE Annie (Canada) – annie.fontaine@svs.ulaval.ca
LAPOINTE FRéDéRIQUE (Canada) – frederique.lapointe.2@ulaval.ca

Résumé :

Engageant au minimum une cohabitation indifférente et au mieux un accroissement des interactions, la « mixité sociale » est une réalité présente, voire recherchée, dans plusieurs milieux urbains. Prenant souvent racine dans les quartiers en processus de revitalisation, la mixité sociale est révélatrice des enjeux du vivre-ensemble dans des sociétés marquées par de fortes inégalités sociales. Si certains idéalisent les effets positifs de la mixité sociale « quantitative », reliée à des quotas de groupes sociaux variés, plusieurs remarquent combien cette conception évacue les enjeux de l’intégration sociale inégale (Paugam, 2014) auxquels font face les acteurs dans les quartiers gentrifiés. Inversement, la reconnaissance des rapports sociaux inégaux dans lesquels s’inscrit cette mixité incite à penser des stratégies pour tisser des solidarités favorables à un vivre-ensemble plus juste et harmonieux. <br /><br />Cette communication présentera les résultats d’une recherche évaluative traitant de l’influence de l’intervention de proximité d’un « agent de mixité » sur le parcours des personnes en situation d’itinérance au sein d’un quartier de la basse-ville de Québec marqué par la gentrification. En fait, bien que la revitalisation du secteur contribue à son développement économique et à l’embellissement de son aménagement depuis une trentaine d’années, on assiste dans le quartier Saint-Roch, mais aussi dans plusieurs autres quartiers gentrifiés, à des dynamiques d’exclusion et de judiciarisation du mode de vie des personnes exposées à diverses formes de désaffiliation et d’instabilité résidentielle (Gouvernement du Québec, 2014). Ces tensions traduiraient entre autres le sentiment d’insécurité exprimé par les nouvelles franges, plus aisées, de la population à l’égard de la « dérangerosité » que représenterait ces personnes marginalisées (Bélanger, 2010; Chesnay, Bellot et Sylvestre, 2014; Freedman, 2009; Larose-Hébert et al, 2016; Margier et al, 2014; Parazelli et al, 2013). L’évaluation présentée décrit les retombées du projet « Vie de Parvis » initié dans ce contexte en 2012 par la table de quartier L’Engrenage St-Roch dans une visée d’inclusion sociale des personnes marginalisées et de soutien à une cohabitation positive. Ce projet « d’observation, de médiation, d’intervention et d’animation des espaces collectifs » mobilise un « agent de mixité » qui agit comme intermédiaire et facilitateur à la croisée des réalités variées des acteurs du milieu (Table de quartier l’Engrenage St-Roch, 2015; Vallée et Lagrange, 2015). Guidée par un comité de suivi, le dispositif de cette évaluation qualitative s’est appuyé sur huit périodes d’observation, quinze entretiens individuels avec diverses catégories d’acteurs ainsi qu’une discussion de groupe avec les acteurs impliqués dans le projet (Lapointe, 2018). <br /><br />Selon les résultats obtenus (Lapointe, 2018), cette intervention de proximité permettrait de diminuer le niveau de tension et d’insécurité dans le quartier en plus d’engendrer des interactions positives dans la vie des personnes en situation de précarité résidentielle. Le projet favoriserait le dialogue, l’implication sociale des personnes, le renforcement de la toile de liens qui les soutient ainsi que leur sentiment d’appartenir à une communauté. En contrepoids à l’intolérance ambiante ressentie dans plusieurs endroits, la tenue d’activités et la mise à disposition de mobilier en libre accès sur le Parvis symboliseraient pour ces personnes une reconnaissance de leur droit à l’existence dans le quartier. La présence de l’agent de mixité contribuerait en ce sens à réduire les risques de rupture des liens sociaux de citoyenneté (Paugam, 2014) en jeu dans les territoires où se côtoient des personnes et groupes sociaux aux conditions de vie fortement différenciées. <br /><br />Cette communication mettra en relief la contribution singulière de l’intervention sociale de proximité (Fontaine et Wagner, 2017) dans « l’édification d’un vivre-ensemble inclusif » au sein d’une société marquée d’inégalités.

Mots clés :

Revitalisation des quartiers en crise, Médiation, Service de proximité

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