MAES Renaud (Belgique) – rmaes@ulb.ac.be
DUTRIEUX Bernard (Belgique) – bernard.dutrieux@uvcw.be

En Belgique, les centres publics d’action sociale (CPAS) sont sujets à des bouleversements de plus en plus fréquents et rapides depuis le milieu des années 70. Ces transformations sont bien sûr liées à l’évolution du contexte économique et social : ainsi, les crises économiques récentes, le phénomène de paupérisation, l’accroissement de la mixité culturelle ont abouti dans un élargissement du public des centres, mais aussi de sa diversité.
Néanmoins, au-delà de cette adaptation au contexte, les changements auxquels sont confrontés les CPAS trouvent également leur origine dans la mutation des paradigmes en matière de politiques publiques en général, et de politiques sociales en particulier. Ainsi, si les commissions d’assistance publique, ancêtres des CPAS modernes, étaient un dispositif inspiré de l’idéal de l’État providence dans sa déclinaison conservatrice (Espig-Andersen, 1990), la récente « loi du 26 mai 2002 concernant le droit à l’intégration sociale » est quant à elle clairement inspirée de la notion « d’État social actif », largement influencée par les travaux de Giddens (e.g. Giddens, 1973).
Plusieurs travaux d’analyse et de recherche investiguent les liens entre priorités politiques, contexte socio-économiques et réformes structurelles des CPAS (e.g. Hamzaoui, 2002 ; Lefèvre, 2003 ; Cantelli, 2007). Cependant, la question de l’impact de ces réformes sur l’organisation interne des centres et plus encore, sur la dynamique de travail dans les centres reste peu étudiée… Pourtant, il s’agit là de deux facteurs qui déterminent largement les modes d’accomplissement des missions dont les centres sont chargés.
Notre communication ambitionne de contribuer au développement de ce champ d’études en mettant en exergue les enjeux en termes de management organisationnel mais aussi de bien-être au travail des travailleurs des CPAS belges, posés par les mutations paradigmatiques des politiques sociales. Pour ce faire, nous nous baserons sur deux travaux de recherche menés par l’Unité de Psychologie des Organisation de l’Université libre de Bruxelles en collaboration avec la Fédération des CPAS de l’Union des Villes et Communes de Wallonie. Le premier est une étude du métier (ou plus exactement, des métiers) de Secrétaire de CPAS (Maes et al., 2010). Cette étude a permis notamment de mettre en évidence, pour une fonction souvent perçue à tort comme monolithique, de grandes disparités en termes d’organisation du travail (charge de travail, étendue des responsabilités) en fonction du contexte local. Le second travail de recherche mobilisé porte sur la question du plaisir au travail telle qu’elle se pose au travailleur social en CPAS (Behaegel, 2010). Parmi les nombreux enseignements de cette recherche, on notera notamment le constat que les assistants sociaux qui travaillent dans ces centres ne semblent pas chercher à remettre en cause la structure du système d’action sociale mais davantage son organisation.
Dans une première partie introductive, nous proposons un très bref historique de l’évolution des missions des CPAS belges et des logiques en termes de politiques sociales qui sous-tendent chaque étape de cette évolution. Dans une seconde partie, nous procédons à l’exposé des objectifs, modes opératoires et méthodologies des deux travaux de recherche susmentionnés. La troisième partie est consacrée à une discussion approfondie des enseignements que l’on peut tirer de ces travaux en termes de perception, par les acteurs de l’action sociale, des évolutions de leur fonction et des dynamiques dans lesquelles ils s’inscrivent. Nous concluons en proposant, à l’issue de cette discussion, des pistes pour la recherche.

Action publique, Management social, Nouveau métier