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La construction de la relation : de l’imaginaire à la réalité

Année : 2019

Thème : Proposition retravaillée

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

IANIRI Erminda (Belgique) – eianiri@he2b.be
BORGERS Candice (Belgique) – cborgers@he2b.be
JANOWSKi Anne-Sophie (Belgique) – asjanowski@he2b.be

Résumé :

Construire la relation, l’entretenir, la préserver, l’enrichir, la rendre plus harmonieuse… une aventure merveilleuse et aussi tellement délicate. D’autant plus qu’il semble que nous ne pouvons pas au moins ne pas être en relation, ne pas être soumis à ces interactions qu’entretiennent les individus au sein d’une société. Le vivre ensemble implique une harmonie entre la relation à soi, à l’autre, au groupe. Le travailleur social dont la mission est d’aider, accompagner des personnes confrontées à des réalités sociales difficiles, doit donc pouvoir écouter, communiquer, s’ouvrir aux autres, respecter et se faire respecter, respecter ses valeurs et celles des autres. Il est constamment au cœur de ces interactions… Quels outils pourraient lui être utiles pour rendre sa mission la plus efficace possible ?
En tant que professeurs d’éducation physique auprès de futurs éducateurs spécialisés c’est tout naturellement que nous avons eu envie d’utiliser le corps, par le biais d’activités d’expression corporelle, pour tenter d’explorer, comprendre, illustrer les liens qui nous unissent ou nous désunissent.

En 1967, A. Mehrabian, chercheur à l’université de Californie, a mis en évidence que 38% de notre communication passait par le paraverbal, 55% par le visuel et uniquement 7% par le verbal.

Selon Le Breton (2014), dans les sociétés traditionnelles et communautaires, le corps est relieur d’énergie collective alors que dans les sociétés occidentales modernes plus individualistes, le corps « marqueur » des limites de la personne, met en avant la singularité de chacun dans le groupe. Ce corps de la modernité sur lequel la sociologie applique ses méthodes, serait un médiateur privilégié, pivot de la présence humaine.

En faisant appel à l’imaginaire, les activités d’expression corporelle peuvent aider à mettre en exergue les relations de manière symbolique : être contre l’autre (affrontement, compétition), mais aussi pour (empathie, soin) et avec les autres (coopération, solidarité).
C’est donc grâce au jeu que nous pouvons sortir de la réalité et explorer les différentes facettes et les enjeux de la communication. Ce contexte permet de s’extraire du jugement sur soi, sur les autres et de s’ouvrir à de nouvelles attitudes, notamment dans la gestion de conflits. Cette activité nous semble favoriser le « vivre ensemble » au sein du groupe classe mais aussi être un outil dont le travailleur social pourra se servir pour accompagner les personnes qu’il côtoiera (personnes âgées, porteuses d’une déficience, dépendantes, petite enfance…).
Avec ces publics « en marge », les étiquettes habituelles de mise en jeu du corps qui régissent les interactions et permettent une certaine fluidité de la communication, feront place à une part d’inconnu et donc une difficulté à ritualiser. Ce manque de jalons coutumiers pourrait engendrer un écran d’angoisse dans la relation. (Dubuis 2014).

Il est donc primordial de leur faire ressentir au fil des séances que c’est de la représentation qu’ils ont d’eux-mêmes et des autres que découle leur inconfort.
Cette barrière tombée, on peut vraiment accéder au jeu dans toutes ses dimensions où le corps devient un outil et non une entrave.

Il nous arrive d’être confrontées à des débordements émotionnels, au non respect des valeurs de la vie en groupe, à des dérapages de certains étudiants. D’autres nous témoignent de leur prise de consciencse de valeurs qu’ils pourront mettre en application dans leur futur métier pour notamment offrir à leurs bénéficiaires un moyen de se découvrir, de s’exprimer sans être jugé.
Nous espérons que cette communication éveillera en vous l’envie d’aborder cette dimension corporelle dans le cadre de la formation des métiers du social afin de favoriser les relations, les interactions positives et l’ouverture à l’autre, échanges souvent tributaires de freins tels que notre peur du jugement, nos croyances « limitantes », nos différences,...
C’est avec enthousiasme, que nous vous invitons à découvrir notre travail et, qui sait, à en expérimenter l’une ou l’autre dimension pratique.

Mots clés :

Secteur socio-éducatif, Vivre ensemble, Conscientisation

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