Former à l'intervention sociale auprès des groupes : une responsabilité collective pour contrer la fragilisation des liens sociaux.
Année : 2010
Thème : Du Québec et de Wallonie, réflexions à deux voix, sur les stratégies de formation visant à intéresser les étudiants en travail social à la pratique de groupe
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
BERTEAU Ginette (Canada) – berteau.ginette@uqam.ca
WARIN Louise-Dominique (Belgique) – l.warin@helmo.be
Résumé :
Dans un contexte de crise, les incertitudes de l’enseignement au travail social vont de pair avec celles du travail social. Parmi ces incertitudes, celle générée par la difficulté d’intéresser les étudiants au travail social auprès des groupes qui, pourtant, peut se révéler comme un catalyseur de changement personnel et de développement de solidarités de proximité. De plus, l’intervention sociale auprès des groupes axée sur l’aide mutuelle favorise le pouvoir d’agir des personnes et des collectivités. Ce mode d’intervention dans un contexte de néo libéralisme et d’isolement social prend tout son sens. L’intervention sociale de groupe axée sur l’aide mutuelle devient une des réponses possibles à la fragilisation du lien social. Mais comment partager cette conviction ? Comment transformer une pratique de groupe minoritaire en une pratique de travail social généralisée ?
Cette communication traite de la difficulté à intéresser les étudiants à l’intervention de groupe. Elle veut discuter des stratégies possibles à mettre en place pour favoriser le développement d’une culture de travail social auprès des groupes. Parmi ces stratégies, l’aide mutuelle est préconisée à la fois comme un choix pédagogique et comme une valeur du travail social.
Notre expérience d’enseignantes en travail social des groupes et des études doctorales sur le développement d’habiletés spécifiques à l’intervention de groupe nous amènent à constater que : d’entrée de jeu, les étudiants ne s’inscrivent pas en travail social avec l’intention de développer une pratique de groupe. Beaucoup d’appréhensions liées au contexte social, culturel, professionnel et personnel existent par rapport à ce mode d’intervention. Par contre, nous observons que si nous exposons positivement les étudiants au travail de groupe en les amenant à expérimenter de courts projets lors de leur formation, les perceptions changent et le goût de s’investir dans le travail de groupe surgit. Cependant, la motivation risque de s’amenuiser si cette stratégie est circonscrite à ce seul cours. Des recherches mettent d’ailleurs en évidence que le goût d’utiliser le groupe comme mode d’intervention est influencé par les croyances de l’établissement scolaire et par la position du milieu de stage et du référent de stage à l’égard du travail de groupe. Développer une culture de travail de groupe chez les étudiants en travail social nécessite donc de développer une cohérence entre la philosophie, les valeurs préconisées dans les cours et le dispositif de formation. De la même manière, cette cohérence présente dans le milieu de stage pourrait renforcer le goût de faire du groupe.
La communication s’appuiera sur les résultats d’un sondage d’appréciation réalisé conjointement à l’automne 2010 auprès 50 étudiants québécois et 130 étudiants belges de deuxième année de baccalauréat en service social au terme du cours suivi sur ce mode d’intervention. Le but de ce sondage est d'explorer le point de vue de ces étudiants au sujet des apprentissages réalisés ainsi que leur intérêt pour le travail social de groupe. Ensuite, dans le cadre de groupes de discussion, des étudiants ayant participé à ce sondage et choisis de manière aléatoire, approfondiront des questions soulevées lors du premier traitement des données. De plus, 8 étudiants de bac 3 (4 québécois et 4 belges) ayant réalisé des interventions de groupe durant leur stage donneront également leurs perceptions sur la manière dont l’établissement scolaire, le milieu de stage et le référent de stage les ont aidés à maintenir leur intérêt pour le travail de groupe. Les éléments de convergence et de divergence entre les résultats belges et québécois seront exposés et alimenteront une réflexion sur les stratégies pour maintenir l’intérêt des étudiants et pour favoriser un meilleur enracinement du travail social de groupe dans les Écoles de travail social. Ces stratégies concerneront aussi les milieux professionnels et les référents de stage.
Mots clés :
Acteur de développement, Solidarité de proximité, Changement, Culture de l'intervention de groupe
Stratégies d'enseignement
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