La recherche dans les instituts en travail social face à la dynamique d’universitarisation : enjeux, pratiques et comparaisons internationales.
Année : 2019
Thème : Forum
Type : Forum, GT, Carrefour
Auteur(s) :
Morange Arnaud (France) – amorange@irtsnormandiecaen.fr
Résumé :
Le processus d’universitarisation des formations en travail social (entrée dans le processus LMD par décrets 733 et 734 du 22 août 2018), résultant des Etats généraux du travail social (2015), induit un repositionnement de la recherche au sein de nos instituts. Notre recherche va devoir, de plus en plus, répondre aux attendus des établissements supérieurs d’enseignement et de recherche. Le transfert probable de nos tutelles, de la cohésion sociale vers l’enseignement supérieur, va conduire à de nouvelles organisations et pratiques. Le modèle de l’établissement public à caractère scientifique - caractère qui sera évalué pour être financé -, est sans doute celui qui s’annonce. Il s’appuiera en substance sur trois piliers : la production de la recherche (sur fonds publics alloués et/ou plus certainement sur fonds obtenus par attributions d’appels à projets) ; la formation à la recherche (art. 1 de l’arrêté du 22 août 2018 relatif aux formations et diplômes du travail social) ; l’animation et la valorisation de la recherche (activité actuelle des PREFAS). Mais ces évolutions viennent questionner la nature singulière de la recherche en travail social ; recherche dont le statut a fait l’objet de débats contradictoires, qui n’ont pas débouché sur le consensus suggéré par la conférence idoine (Jaeger, 2014).<br /><br />Le mouvement vers l’université qui se dessine, s’il peut permettre une plus forte reconnaissance de nos travaux, interpelle néanmoins en ce qu’il risque de dissoudre le statut particulier actuel des chercheurs dans nos écoles (bien qu’il existe des situations assez hétérogènes selon les établissements). En effet, l’originalité de ce statut réside notamment dans la proximité entretenue avec les milieux professionnels, les institutions et les publics de l’intervention sociale. Par ailleurs, certains chercheurs sont également formateurs et tous ne seront pas reconnus en toutes leurs qualités s’ils ne sont pas identifiés ès docteur en sciences humaines et sociale (en attendant la généralisation d’un doctorat en travail social ; Frauenfelder, et al., 2018). Les proximités recherche-formation-étudiants-professionnels-associations-usagers, constituent selon nous une vraie richesse pour tous et alimentent les conditions d’une certaine citoyenneté sociale (Castel). La première réflexion que nous souhaitons partager au sein de ce forum concerne donc les articulations, les cohérences ou les tensions possibles, entre une recherche « académique » (au sens universitaire traditionnel) et la recherche telle qu’elle existe, telle qu’elle se vit actuellement au sein de nos écoles, dans le cadre de l’universitarisation « en marche ».<br /> <br />Par ailleurs, le positionnement de la recherche en travail social induit des choix méthodologiques. Nos techniques et méthodes employées tendent, à des degrés divers, à la participation des professionnels et des usagers, voire à la « co-construction » avec ces derniers. Dans le prolongement de l’« action research », (Lewin, Moreno, Eliott, Lourau, Lapassade, Liu, Fablet, Dubost…), la recherche en travail social, lorsque ses conditions de réalisation le permettent, tend à mobiliser des dispositifs de recherche « action », « participative », « collaborative », « interventionnelle »… Comment penser ces initiatives sous tutelle universitaire ? Ce sera le second axe proposé au débat. <br /><br />La question des relations entre la recherche en travail social, les milieux universitaires et les milieux professionnels se décline de différentes manières selon les pays et il est bien dans notre intention de croiser les approches des différents pays représentés lors de ce congrès. Le forum sera donc ouvert à tous ceux qui souhaitent interroger ces relations, les comparer, les remettre éventuellement en débat. C’est une belle occasion de se nourrir mutuellement des perspectives et des orientations possibles d’une recherche qui a pour vocation, in fine, de servir nos valeurs communes et d’être utile pour les professionnels et les citoyens. <br />
Mots clés :
Recherche-action, Épistémologie, Travail social international, Relation université
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