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S'orienter en Haute école de travail social : trajectoires des candidats et expérience du parcours d'admission

Année : 2019

Thème : Proposition retravaillée

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

TAFFERANT NASSER (Suisse) – nasser.tafferant@hesge.ch
FRAUENFELDER Arnaud (Suisse) – Arnaud.Frauenfelder@hesge.ch

Résumé :

Cette communication aura pour visée la présentation d’éléments de recherche issus d’une étude sociologique qualitative sur les scènes et les coulisses du parcours d’admission à la Haute école de travail social de Genève. C’est par une approche ethnographique (entretiens semi-directifs, observation participante, analyse documentaire) que nous avons interrogé près de vingt candidat.e.s sur leur trajectoire scolaire, leurs aspirations professionnelles et l’expérience en cours des épreuves qui jalonnent le parcours d’admission. Nous avons aussi observé et recueilli le témoignage d’enseignant.e.s et de travailleurs/euses sociaux/ales dont le rôle consiste à accompagner et à expertiser les rapports de stage des candidat.e.s (qui se doublent d’une épreuve de soutenance). Aux nombreux entretiens que nous avons réalisés s’ajoute une série d’observations a) des séances d’information destinées aux élèves de niveau secondaire II qui aspirent à se former au travail social, b) des réunions qui rassemblent enseignant.e.s, praticien.ne.s du travail social et professeur.e.s de la Haute école de travail social, réunions au cours desquelles les modalités d’accompagnement et d’évaluation des candidat.e.s stagiaires sont abordées, et c) de l’épreuve psychotechnique sur ordinateur qui conclut le parcours d’admission et dont la réussite détermine l’entrée à la Haute école de travail social. Enfin, nous avons consulté des archives et des documents institutionnels qui renseignent sur l’évolution du régime d’admission dans l’institution précitée.<br /><br />Le lien de notre recherche avec le thème du congrès de l’AIFRIS « Sociétés plurielles, Travail social et Vivre ensemble », dans l'axe 4 "Orientations des formations et développement des milieux de pratique", se justifie pour les raisons suivantes : premièrement, les entretiens biographiques avec les candidats désireux de se former au travail social nous renseignent sur les expériences de la vie sociale qui précède le choix d’orientation en Haute école de travail social (l’entre soi familial et amical, expérience associative, etc.). Deuxièmement, dans la perspective établie de se former au travail social, il s’agit là précisément de voir dans quelles circonstances la scolarité et la socialisation professionnelle initiale aux métiers dits de l’humain ou du service à la personne (métiers du tertiaire) ouvrent la perspective (ou consolident le choix) de travailler dans le « domaine du social », un domaine auquel les candidat.e.s associent spontanément tout un ensemble de valeurs : « ça peut permettre aux gens de se rencontrer», « le contact humain », « être près des gens », « créer un lien », « se mettre au service d’une personne ». Troisièmement, l’étude des grilles d’évaluation des rapports de stages, des tests psychotechniques et des discours des experts du parcours d’admission nous renseignent sur les catégories d’entendement professionnels qui sont mobilisées objectivement et subjectivement dans la définition d’un « bon candidat » à la formation au travail social (et, inversement, d’un candidat qui « n’est pas encore prêt » pour démarrer sa formation, ou « qu’il faut écarter de la formation » pour d’autres motifs). Ces évaluations tiennent notamment compte des « aptitudes à entrer en relation avec les personnes de manière appropriée », ou « collaborer (travailler en équipe) » d’après la grille d’évaluation d’un employeur d’un lieu de stage dans le cadre du parcours d’admission sans pour autant évacuer d’autres considérations d’ordre pédagogique telles que « aptitudes à communiquer » (expression écrite et orale) ou « les aptitudes à confronter ses positions en argumentant ». <br /><br />C’est en analysant ces trois phases d’une trajectoire sociale, scolaire et professionnelle (de candidat.e.s inégalement doté.e.s en capital social, scolaire et symbolique) que notre communication entend rentrer dans la boîte noire de la construction sociale du choix d’orientation au travail social dans un contexte caractérisé par une transformation du régime d’accès. En retour, cette contribution entend éclairer les représentations sociales différentielles, parfois concurrentielles, du "vivre ensemble" dans la rencontre qui se noue entre les candidat.e.s et les expert.e.s de l'évaluation/admission.<br />

Mots clés :

Evaluation, Formation, Culture professionnelle, socialisation

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