Sur les chemins de la rencontre
Année : 2019
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
Guillaume yannick (France) – yannick.guillaume@irtsca.fr
Résumé :
Un jour, un éducateur me dit : « Vous savez, parfois je n’en peux plus… Que dois-je faire quand François me hurle dessus ? Que se passe-t-il ? Je suis à bout… »<br />Je suis formateur et superviseur auprès de travailleurs sociaux. J’explore, à chaque instant de mes rencontres avec ces professionnels, les questions cliniques de l’accompagnement sous différentes formes. Pendant plusieurs années, au travers de mes rencontres dans différentes instances de supervision, de régulation d’équipe ou de formation, j’ai soulevé la question de la place que l’on occupe ou que l’on n’occupe pas dans la rencontre avec l’autre. C’est ce que je propose ici en m’appuyant sur la présentation d’une situation clinique et sur les interrogations suscitées.<br />Parler de l’accompagnement, c’est défendre la qualité de nos outils d’intervention comme l’observation, l’écoute et la parole, le partage et l’analyse des situations éducatives, pour lutter contre le burn out, la solitude au quotidien. Dans le creuset de l’accompagnement des familles en difficulté se pose le compagnonnage, dans le sens où « faire un bout de chemin ensemble » amène à nous interroger sur les valeurs nodales du travail social et des processus transférentiels sous-tendant toute rencontre.<br />Parler de l’accompagnement, c’est aussi s’interroger sur les défenses que tout un chacun peut mettre en place pour se protéger des angoisses que peut parfois provoquer la relation.<br />Parler de l’accompagnement, c’est encore interroger les discours tenus parfois à propos des personnes accompagnées. Écoutons-les : « Je sors avec deux fauteuils » (pour évoquer les personnes à mobilité réduite), les fauteuils sont-ils vides ? « Je suis en activité avec les autistes, les itep, les trisos… », ils n’ont pas de prénom ? « Je fais Jules », Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Ce n’est pas plutôt la toilette de Jules ? Des propos où se perd la singularité des personnes dans leur identité et leurs besoins.<br />Conclusion<br />De ce champ réflexif autour de l’accompagnement, on peut peut-être percevoir qu’il y a quelque chose de l’ordre de la restauration. Plus précisément, restaurer la parole de chaque sujet, transmettre les limites et accompagner à faire des choix : tout cela, ça surligne, ça dessine, ça fait choix, ça fait libre choix de la ligne d’horizon de tout accompagnateur. Cette position éclairée que Joseph Rouzel appelle une clinique force le travailleur social à tenir lui-même une place de sujet. Or, ce n’est certes pas ce que l’on demande aux accompagnateurs aujourd’hui. Ce que l’on demande, c’est de faire que les personnes rentrent dans des projets, des grilles et des prêts-à-penser comme des prêts-à-porter issus de la mode et de la loi de la consommation et du marché.<br />Comme le précise Jacques Stiker, nous avons entre nos mains quelque chose de la santé, de la vie, du bien-être de l’usager et tout cela dépend directement de nous, de nos paroles, de nos actes.<br /><br />
Mots clés :
← Retour à la liste des articles