Du « vivre-ensemble » à « l’inclusion » : quand «agir ensemble » est menacé.

Année : 2019

Thème : Compte-rendu d’expérimentation concernant la pédagogie ou l’intervention sociale

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

OUENSAVI Roger (Bénin) – ouenro2006@yahoo.fr

Résumé :

Vivre ensemble est un comportement, l’inclusion un acte, une demande. Dans un contexte de réalités sociales plurielles, où les processus de socialisation/resocialisation se heurtent aux refus communautaires, aux discriminations socioculturelles peut-on agir ensemble de façon durable et sincère ? La présente communication retrace la reconstruction, la co-construction de parcours sociaux, surtout d’enfants des rues stigmatisés sorciers ou sorcières, rejetés, marginalisés, exclus. La précarisation continue des relations sociales communautaires, la décadence des systèmes et mécanismes sociaux de protection influencent le « vivre-ensemble » compliquent « l’inclusion ». En s’interrogeant mutuellement ils interpellent « l’agir ensemble ». Le travailleur social adopte dans ce contexte une posture de redynamisation durablement des liens sociaux à tous les niveaux. Il s’agit d’un compte rendu d’expérimentation d’une pédagogie interactive d’accompagnement visant la reconstruction de parcours sociaux complexes de fillettes stigmatisées sorcières, rejetées par leurs parents, leurs communautés, leurs établissements scolaires, par les institutions en charge de les protéger par surcroît et qui vivent dans la rue. De 2013 à la date de la préparation de la présente communication, le regard rétrospectif sur leurs parcours brillamment reconstruits par de nouveaux « parents sociaux » et le travailleur social confirme la primauté du « vivre-ensemble » au détriment de « l’inclusion ». A ce jour, les filles n’ont pas encore ensorcelé comme, le veut la tradition leurs nouveaux « parents sociaux » ni le travailleur social. En quoi sont –elles sorcières ? Comme le souligne Freud « nous admettons comme civilisées toutes les activités et valeurs utiles à l’homme pour assujettir la terre a son service et pour se protéger contre la puissance des forces de la nature. ». Devant la multiplicité des injustices, des inégalités, des discriminations, des oppressions, des coercitions et des manœuvres de contrôle social, le travailleur social ne peut être enclin seulement à observer et commenter. Il se doit d’agir donc. Il agit par « professionnalisme militant» c'est-à-dire engagé, sûr de ses compétences relationnelles et les synergiques probables possibles. Il faut cependant compter avec le « temps-social » c'est-à-dire la période au cours de laquelle ce dernier arrive à rallier à sa cause, les autres institutions (famille, école, quartier, communauté, religion, État). Le ralliement de chacune de ces entités n’est pas gagné à l’avance mais en perpétuelle demande, recherche, remise en cause/reconstruction jusqu’au premier résultat : la « dé stigmatisation » : l’œuvre des nouveaux parents sociaux sous la conduite du travailleur social. Combien sont-ils ? Cette nouvelle minorité au sein des exclus de tous les jours serait peut être confondue dans les 31825 personnes faisant partie des personnes à risque et victimes de violences diverses qui utilisent les rares services d’assistance sociale au Bénin (UNDAF 2014-2018).En absence de plateformes de dialogue, d’expression et de débat public sur ces types controverses communautaires qui traversent le vivre-ensemble et font des victimes des incompris de tous (famille, école, quartier, communauté, religion, État). Au nombre des processus favorisant un agir communicationnel et participatif porteur d’innovations sociales figure l’actualisation des méthodes de recherche, d’investigation voire des pédagogies d’accompagnement des nouvelles minorités, des nouveaux exclus sociaux.<br /> <br />

Mots clés :

Equité sociale, Action communautaire, Vivre ensemble

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