MAILA Joseph (France) – jmaila@wanadoo.fr

Portées par l’ouverture sur le monde induite par la mondialisation culturelle et la globalisation économique, les sociétés contemporaines perdent tous les jours quelque chose de l’homogénéité et comme de l’immobilité apparentes qui les caractérisait. Prises dans le flux des échanges, humains, économiques, sociaux comme médiatiques, les sociétés d’aujourd’hui sont des espaces travaillés par des interactions multiples. La diversité humaine et culturelle qui semblait principalement l’apanage de sociétés issues historiquement de l’immigration ou alors plus récemment ouvertes à l’accueil des migrants tend à devenir une réalité inséparable des mutations commandées par la mobilité des populations et le décloisonnement des relations entre les nations. La mixité des cultures apparaît désormais comme un fait majeur des sociétés contemporaines.<br /><br />L’intérêt suscité par l’étude de sociétés de plus en plus métissées et la question des relations complexes entre groupes d’origines diverses ne sauraient occulter le fait que nombre de sociétés ont longtemps vécu sous le régime de la diversité et de la pluralité des identités. Bien avant que les vagues de migrations deviennent des phénomènes concomitants de l’ère moderne, nombre d’Empires ont abrité des sociétés aux ethnies et identités multiples. L’éclatement, au lendemain de la première Guerre mondiale, des Empires austro-hongrois, ottoman et russe, puis plus tardivement de l’Union soviétique avait donné le signal de l’émancipation de nombre de nations, de groupes et de minorités inclus dans ces Empires multinationaux. De leur démembrement ont surgi des États modernes dont beaucoup ont conservé en Europe orientale et balkanique, dans le Caucase, au Moyen-Orient une part de la mosaïque qui jadis les constituaient. Des sociétés pluricommunautaires se sont ainsi insérées dans une modernité politique qui a vu le nombre des États du monde passer de cinquante-et-un à près de deux-cents aujourd’hui. <br />