Le Monde Arabe : les défis du vivre ensemble et ses instruments

Année : 2019

Thème : Conférence plénière Beyrouth

Type : Autre (poster, ...)

Auteur(s) :

KIWAM Fadia (Liban) – dr-fadia@arabwomenorg.net

Résumé :

Le vivre ensemble est devenu un slogan familier dans les relations internationales et il est inscrit en priorité des agendas des Organisations non gouvernementales, locales, régionales et internationales. Mais ce qui est significatif, c’est bien plus la conjoncture dans laquelle le vivre ensemble est devenu une urgence pour le maintien de la stabilité et le retour de la paix dans plusieurs régions du monde.<br />C’est la période allant du début du troisième millénaire qui a ouvert ce débat sensible sur le vivre ensemble, et plus particulièrement la période qui a suivi les attentats du 11 septembre aux États Unis. Le monde venait de projeter une image tragique de deux camps qui s’affrontaient et qui se diabolisaient l’ un l’autre. Mais c’est surtout la dimension du conflit qui embarrassait les sociétés: celle d’un conflit entre les religions, voire les civilisations.<br />La réaction a été rapide à travers l’initiative de deux gouvernements d’abord, celui de la Turquie et celui de l’Espagne, ensuite celle des Nations Unies, intitulée « Pour une alliance des civilisations ».<br />Ce débat sur le vivre ensemble venait répliquer d’une façon générale à de nombreux malaises et conflits qui avaient émergé dans plusieurs régions du monde , et des mouvements de refoulement de populations, voire de génocide avaient eu lieu. Nous citons celui du Rwanda, de la Bosnie, comme exemples.<br />Mais il faut citer aussi les initiatives de réconciliation nationale qui ont marqué cette période aussi. Tel était le cas de l’Afrique du Sud.<br />Manifestement la mondialisation économique et la révolution que les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont déclenchée, ont toutes les deux réanimé les tensions et aiguisé les conflits dans les sociétés caractérisées par la pluralité sociale.<br />Il faut d’abord définir avec soin nos concepts: le pluralisme politique et le pluralisme social.<br />Mais nous devons également nous pencher sur les facteurs qui pourraient transformer le pluralisme en conflits et parfois même en conflits armées.<br />Dans ce contexte, on voit que la pratique de la démocratie dans son sens classique, « westminsterien » aurait dit Arendt Lipjhart ou Antoine Messarra, devient impossible puisque dans les sociétés plurales, elle entraine la tyrannie d’une majorité et le blocage de trois processus très importants en démocratie : la compétition pour le pouvoir, l’inclusion et la reddition comptable.<br />Le Monde Arabe est historiquement une région riche de la diversité de son tissu social. L’Islam avait été également pionnier dans la reconnaissance de la diversité religieuse et dans l’aménagement du pluralisme religieux. Mais il l’avait fait dans le contexte d’un État islamique. L’organisation islamique des sociétés arabes s’est maintenue jusqu’à la naissance de la Turquie moderne et l’effondrement de l’institution califale.<br />Les États arabes modernes ont tous fait référence au lien national et non plus au lien religieux comme fondement de la vie politique. Mais dans la pratique , une ambivalence s’est dévoilée au fil des ans et des situations de tension se sont manifestées dans plusieurs sociétés arabes, dissimulant difficilement le rejet et la marginalisation. La notion de minorité est progressivement apparue comme une entorse à l’homogénéité des sociétés arabes. <br />Mais rapidement, l’homogénéité est apparue elle-même comme un problème ou comme une menace à la liberté personnelle des citoyens fussent-ils musulmans ou pas.<br />Les valeurs dominantes de notre temps, et qui s’articulent autour du respect des droits fondamentaux et la pratique de la démocratie, culminent dans une exigence de vivre ensemble et de consolidation du vivre ensemble. Il s’agit bien d’une construction sociale et qui nécessite des actions délibérées, visant à diffuser et à enraciner des valeurs nouvelles chez les nouvelles générations.<br />A ce stade, le travail social s’offre comme l’instrument le plus efficace de la diffusion des valeurs de respect de la personne humaine et de sa liberté fondamentale et comme un instrument de consolidation d’une culture axée sur l’ouverture à la diversité, vue comme richesse, et comme un instrument de lutte contre toutes les formes d’inégalité et de décalage social.<br />Les expériences que nous pouvons prendre à l’appui de cette expérience sont nombreuses dans le monde arabe et elles nous apportent des éclairages sur les réalités, les enjeux et défis et les promesses d’avenir.<br />

Mots clés :


← Retour à la liste des articles