PHILIPPART Anne (Belgique) – a.philippart@helmo.be
COMPERE Laure (Belgique) – l.compere@helmo.be

Dans un contexte de numérisation de tous les secteurs et de la majorité des postes de travail, l’intervention sociale n’est pas épargnée. Les usages des dispositifs numériques questionnent les pratiques des intervenants sociaux dans leurs rapports aux publics, aux organisations, aux politiques sociales et à la société dans son ensemble (encodage des dossiers sociaux informatisés, utilisation des réseaux sociaux à des fins de contrôle par exemple). En ce sens, les TIC présentent un risque pour les professions du champ social. Ces dispositifs numériques, s’ils questionnent les pratiques des intervenants sociaux quand ils les expérimentent, offrent par ailleurs une chance, des possibilités multiples et créatives pour une mise en œuvre éthique et contemporaine des missions de l’intervention sociale à condition que les intervenants sociaux et leurs publics puissent s’en emparer.<br />La recherche en cours s’articule autour de trois interrogations : Quels sont les enjeux éthiques et pratiques relevés par les intervenants sociaux de terrain en Belgique francophone ? Quels sont les usages et projets déjà développés ou potentiellement développables en matière de TIC en travail social ? Comment les publics de l’intervention sociale situent-ils les enjeux, les usages et les non usages des TIC ?<br />Trois hypothèses conduisent cette recherche : (i) les dispositifs numériques transforment le travail, ils ont une incidence sur les pratiques et sur l’identité professionnelle des intervenants sociaux occasionnant une transformation des métiers du champ de l’intervention sociale ; (ii) les dispositifs numériques se déclinant selon différents usages (Molina et Sorin, 2019), ils apportent des « arts de faire » novateurs et peuvent soutenir des pratiques nouvelles dans le champ de l’intervention sociale ; (iii) les publics de l’intervention sociale font face à des fractures numériques du premier (accès au matériel), du deuxième (compétences numériques) et du troisième degré (accès aux services essentiels), (Brotcorne et Marien, 2020) qui renforcent les inégalités.<br />Le projet s’inscrit dans une démarche de recherche-action et mobilise différentes méthodes croisées : la méthode d’analyse (un groupe avec des professionnels et un groupe avec des publics de l’action sociale), la réalisation de vingt entretiens individuels semi-directifs, l’organisation d’un colloque/recherche (témoignages des usages des professionnels), la mise en place avec des partenaires de terrain d’une formation sur les enjeux et pratiques du numérique et la mise en place communauté de pratique pérenne. <br />Nos premières analyses répertorient les sphères d’activités mobilisées chez les intervenants sociaux. Les résultats documentent les postures (des intervenants) que nous avons identifiées et catégorisées. Ces pratiques de professionnels pourraient s’analyser au regard des dimensions suivantes :<br />- les affordances (Ruchon, 2019; Luyat et Corte, 2009);<br />- les trajectoires d'usages sous l'angle de l'appropriation individuelle et collective (Plantard, 2019), <br />- les spécificités des métiers du travail social (Vandeleene & t'Serstevens , 2020; Fustier, 2015).<br /><br />

Recherche-action, Enjeux, Éthique et déontologie, Numérique