Territoire et ritournelle : les déplacements de la pensée dans les pratiques de l'animation socioculturelle à partir de situations en lien avec la participation.

Année : 2021

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

DELLA CROCE Claudia (Suisse) – claudia.dellacroce@eesp.ch

Résumé :

Partant des concepts de « territoire » et de « ritournelle » chez Deleuze et Guattari (1980), nous avons interrogé les déplacements de la pensée dans les pratiques de l’animation socioculturelle à partir de situations professionnelles en lien avec la participation. En partant de situations concrètes dans un quartier lausannois, nous verrons comment celles-ci naissent dans un territoire mais en construisent également. Nous montrerons que les territoires ne sont pas fermés et immuables mais qu’il est possible de « déterritorialiser », soit de créer de nouvelles manières de penser et d’agir pour répondre aux problèmes auxquels les professionnel·le·s de l’animation socioculturelle sont confronté·e·s. <br />Nous verrons ainsi comment les praticien·ne·s reconstruisent les problèmes hérités du politique, du travail social ou de la formation, pour construire de nouveaux problèmes et les prendre en compte pour y répondre. <br />Dans le cadre d’une longue démarche participative initiée par la ville de Lausanne, les professionnel·le·s ont reterritorialisé la question de la participation pour ne pas penser à la place des gens, pour ne pas créer des catégories, mais pour vivre, penser et agir avec les gens. Ainsi, ils et elles ont fabriqué un nouveau territoire en développant leur puissance d’agir et en créant de nouveaux modes d’intervention. Dans un processus de construction permanent, dans une posture de doute et d’expérimentation, les professionnel·le·s ont tenté de créer un « modèle participatif » en mettant en place des dispositifs spécifiques dans le quartier concerné. <br />En ayant produit une analyse partagée de la situation par un diagnostic participatif qui cartographie un état des lieux, en ayant mis en place des dispositifs adaptés à ce lieu, et ses acteurs, l’équipe du Centre d’animation du Vallon à Lausanne, permet le déclenchement de la mobilisation. Les actions projetées sont structurées tout en restant dans la souplesse et l’expérimentation. Comme le dit Stengers (2018) « ce qui oblige à penser, c’est un problème qui rassemble les gens et les rends intelligents ». Ce « modèle de terrain » se rapproche également de la pensée de Gillet (1995) lorsqu’il nous parle de modèle de stratégie double ou multiples qui, sur les terrains professionnels se croisent et s’enchevêtrent. C’est l’animateur stratège qui organise, qui combine, qui ruse pour relier ses différents territoires. Nous parlerons donc d’un « devenir animateur-stratège » qui conjugue des hétérogènes dont aucun ne ressemble à l’autre, dont aucun n’imite l’autre, mais dont chacun pousse plus loin la ligne, forme une ligne de fuite, échappant ainsi au territoire prescrit pour créer des devenirs. En expérimentant un agencement d’idées, de relations, de circonstances, l’animateur serait un géographe des relations.<br /><br />Si l’on considère que le territoire est un agencement, les pratiques d’animation socioculturelle impliquent des activités territorialisées, mais elles peuvent aussi s’éloigner du territoire, et, comme nous le verrons, prendre une certaine autonomie, pour composer de nouveaux agencements. Finalement, nous questionnerons les conditions nécessaires pour qu’une approche participative puisse constituer un élargissement du territoire démocratique et de l’émancipation citoyenne.<br />

Mots clés :

Territorialisation, Participation, Co-construction

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