Les conditions institutionnelles de participation des résident.e.s de logements sociaux à leur acte d’habiter à Montréal. Vers quel espace démocratique?

Année : 2022

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

Ruelland Isabelle (Canada) – ruelland.isabelle@uqam.ca
PARAZELLI Michel (Canada) – parazelli.michel@uqam.ca
Tremblay-Marcotte Yann (Canada) – tremblay_marcotte.yann@courrier.uqam.ca

Résumé :

Problématique : Les dispositifs de participation des locataires mis en œuvre par l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) (Canada) se sont construits en vue de répondre à la double mission de cette institution, soit celle d’administrer un parc immobilier et celle de « mettre en œuvre toute activité à caractère social et communautaire favorisant le mieux-être de sa clientèle » (Gouvernement du Québec, 2021 : 15). Sur le plan local, plusieurs intervenant.e.s sociaux.ales observent une désaffection des résident.e.s de certaines habitations en matière de participation sociale. En quoi la participation des locataires aux espaces de prise de parole institués de l’OMHM s’inscrit-elle dans « l’acte d’habiter » un logement social? Objectif : Cette communication sera l’occasion de présenter les résultats d’une recherche exploratoire menée en partenariat avec l’OMHM ayant pour objectif d’étudier les transformations liées à sa restructuration organisationnelle et ses impacts sur les pratiques de communication et d’intervention sociale en regard de l’acte d’habiter des locataires de deux habitations sociales. Cette étude est considérée comme une étape préalable à la possibilité de mettre en place un canal alternatif de communication selon les repères de la sociopsychanalyse (Rueff-Escoubès, 2008) avec les différents acteurs mobilisés. Cadre théorique : Habiter un logement social ne constitue pas seulement un espace d’émancipation des contraintes économiques associées au coût prohibitif du marché locatif, mais aussi l’appropriation d’un lieu permettant des interactions sociales (Morin et Baillergeau, 2008) et une condition d’accès à d’autres droits sociaux ainsi qu’à la citoyenneté (Foroughi et McCollum, 2008; Devaux, 2015). Cette conception de l’acte d’habiter est ainsi mobilisée pour construire une analyse critique de la participation institutionnelle à l’OMHM. Méthodologie : nous avons eu recours à l’observation en situation de dialogue entre les acteurs concernés, l’analyse documentaire ainsi que les entrevues individuelles (14) et collectives (7) avec une pluralité d’acteurs (gestionnaires, intervenants et locataires). Résultats : L’OMHM a mis en place une démocratie représentative à quatre niveaux hiérarchisés pour les locataires autour desquels les organisateurs.trices communautaires agissent comme médiateurs.trices entre les acteurs concernés. Les contours d’un écart se dessinent entre la participation institutionnelle et l’acte d’habiter, pourtant vecteur de mobilisation et d’action. Au cœur de cet écart se trouvent deux visions de la communication pouvant être en tension. Une première vision qui tend à se développer s’inscrit dans une perspective d’optimisation du service à la clientèle instaurant un rapport de consommation avec les locataires devant être satisfaits du bien logement social. La deuxième vision moins valorisée renvoie à la communication démocratique engageant les acteurs institutionnels et les locataires dans un dialogue sur la place sociale et les droits citoyens des résident.e.s. Si des efforts sont déployés par l’OMHM pour maintenir des espaces participatifs de dialogue au sein de l’institution, notre étude montre comment l’acte d’habiter, tout comme l’acte de participation institutionnelle, demeurent marqués par l’impuissance. Nous référons ici à l’impuissance déplorée des locataires par exemple pour changer les conditions de salubrité de certains des logements ou pour obtenir un suivi personnalisé à leur demande. Or, ce sentiment d’impuissance est aussi partagé par les gestionnaires de l’OMHM en raison des limites des ressources financières et des contraintes managériales de plus en plus lourdes; les exigences comptables de la Nouvelle gestion publique imposant leurs normes de rendement institutionnel à l’image de l’entreprise privée (Parazelli et Ruelland, 2017). Dès lors, comment faire pour que ce contexte organisationnel singulier n’éclipse pas la perspective d’ouverture démocratique?

Mots clés :

Participation, acte d’habiter, participation institutionnelle, logement social, contexte organisationnel

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