Le « Bureau de Recherche et d’Investigation sur les Communs » : analyse du potentiel transformatif d'un dispositif local d’outreach

Année : 2022

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

VLEMINCKX justine (Belgique) – justine.vleminckx@fdss.be

Résumé :

Depuis décembre 2021, la Fédération des Services Sociaux Bicommunautaire (FDSSB) s’est saisie du dispositif d’intervention "BRICo" (Bureau de Recherche et d’ Investigation sur les Communs), avec la volonté de faire émerger une parole individuelle et collective au sein de quartiers bruxellois dits « relégués » (Wyvekens, 2005) reconnus comme étant les plus exposés au virus de la Covid19 mais aussi, les plus hésitants face à la vaccination (Réa, 2021)*. Fondé sur l’approche "outreach" (Denoncourt, et al. 2000 ; Baillergeau, 2016), ou autrement dit, sur la nécessité d’"aller vers les personnes", cet outil vise en effet à produire, par le biais de plusieurs dispositifs logistiques et méthodologiques, les conditions d’une prise (en compte) de la parole des habitants d’un territoire donné, autour des "réparations" (ou des changements) à entreprendre dans leur milieu de vie et tout particulièrement, au regard de ce que révèle et produit la crise sanitaire actuelle. <br />Né en août 2017 à l’occasion d’une première expérimentation au cœur de la cité sociale de Bois-du-Luc à La Louvière (Ayadi, 2017), l’un des plus anciens charbonnages de Belgique, le BRICo a été élaboré en différents temps-clé qui suivent une méthodologie spécifique. D’abord, il débute par la constitution d’un comité de regard regroupant des acteurs associatifs, communaux et citoyens impliqués dans le quartier considéré, dont le rôle principal est d’assurer la mise en œuvre et le suivi des réparations. Dans la suite du processus, un lieu d’accueil convivial s’ouvre aux habitant.e.s pendant trois jours : du café et du thé y sont servis à toute heure, et un repas est offert durant chaque temps de midi. Des facilitatrices et facilitateurs (parmi eux/elles, des sociologues/chercheur.se.s) sont chargé.e.s d’impulser du dialogue avec et entre les personnes présentes, à partir de questions thématiques définies en amont (ici, il s’agit d’interroger la vie dans le quartier, plus spécifiquement, dans le contexte de la crise du Covid). Cette parole est systématiquement consignée dans des carnets et synthétisée sur des affiches pour être, au troisième jour de ce dispositif de rencontre, restituée en présence du comité de regard et des habitant.e.s. <br />Pensé comme "un dispositif de commencement" (Ayadi et Van der Brempt, 2018), le BRICo n’aboutit pas nécessairement à des propositions concrètes immédiates. A plusieurs égards, il s’inscrit dans le champ de "l’intervention sociale de quartier" tel que défini par Baillergeau (2007), avec ses trois leviers d’action : la cohésion sociale et la (re)construction du lien social dans des contextes où celui-ci est fragilisé ; la valorisation d’une intervention de proximité, de type territoriale ; et enfin, la promotion de l’implication des destinataires des politiques sociales dans la mise en œuvre de ces mêmes politiques (Ibid., p. 11).<br />Alimentée par des données issues du recueil de la parole des habitant.e.s (échanges informels collectifs et individuels) et du suivi du dispositif à l’œuvre, cette communication interrogera les potentiels effets émancipateurs et politiques du BRICo, après près de six mois d’installation dans une vingtaine de micro-quartier bruxellois. Comment le BRICo est-il reçu, compris et approprié par les habitant.e.s des quartiers investis ? Dans quelle mesure et par quel(s) moyen(s) permet-il une prise en compte réelle de la parole des participant.e.s consulté.e.s ? Enfin, plus fondamentalement, dans quelles conditions le BRICo parvient-il, à travers son approche territoriale, à contribuer à la constitution d’alliances et de réseaux de solidarités entre acteurs locaux (habitants, organismes associatifs et communaux, etc.) et, en ce sens, sous quelle(s) forme(s) permet-il de renouveler la légitimité attribuée à l’échelle locale comme espace d’expression des demandes sociales et de pouvoir d’agir sur le bien commun (Ulysse, 2007) ?<br /><br />*Cette démarche s’inscrit dans le projet Alcov, mandaté par la Cocom dans le cadre de la lutte contre le virus Covid-19. Il a pour objectif de s’assurer à Bruxelles d’un relais local vers les secteurs santé et social pour accompagner les personnes affectées par le virus (isolement ou quarantaine) et soutenir les populations fragilisées.<br />

Mots clés :

Activation sociale, Quartier, Participation

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