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YSER: une enquête scientifique et un court-métrage documentaire pour mettre le vécu des femmes trans qui pratiquent la prostitution au cœur de la production des savoirs et de la culture.

Année : 2022

Thème : Par-delà le travail social : compte-rendu d’un projet associatif au centre de la triangulation sociale, culturelle et politique, structuré autour du vécu et du point de vue des usager·es. A travers une enquête et un court-métrage, rendre visibles l’expérience de personnes peu prises en compte par les politiques publiques, en les accompagnant des prémices jusqu’aux sollicitations externes.

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

LAUTREC guilhem (Belgique) – guilhem.lautrec@gmail.com
D'AUBREBY sophie (Belgique) – sophie@alias.brussels

Résumé :

Depuis 2009, l’asbl Alias accompagne les hommes cigenres et les personnes transgenres qui pratiquent le travail du sexe et la prostitution à Bruxelles, en assurant leur accès aux soins et aux droits fondamentaux. En 2021, Alias a produit une enquête et un court-métrage, basés sur la parole et le vécu de membres de son public. Nous proposons d’en faire le compte-rendu pour illustrer les enjeux éthiques et politiques que soulève cette démarche. <br />Ces deux initiatives trouvent leur genèse dans un terrain d’intervention de l’association précis, Yser, quartier de prostitution dans la capitale européenne où travaillent des femmes transgenres issues de l’imigration. Une prostitution de rue qui les expose à divers types de violences dont l’équipe de terrain est témoin depuis plusieurs années, auxquelles elle répond par ce que permet l’accompagnement social individuel : soins, prévention, accès aux droits sociaux. Cette stratégie n’engageant que la dimension individuelle, les déterminants structurels restaient inchangés et créateurs de violences ininterrompues.<br />La décision d’objectiver les violences dont nous étions témoins en tant qu’institution procède de la volonté de passer d‘une intervention sur les conséquences de la violence pour les victimes, à une intervention sur les structures qui les génèrent, les amplifient, ou les reproduisent. Il nous fallait élargir la focale pour adopter la position du chercheur, identifier des acteurs institutionnels à même de financer et d’associer leur caution symbolique à une enquête. Menée par une géographe, celle-ci met la parole et les vécus de notre public au centre de l’analyse des dynamiques spatiales à l'œuvre dans le quartier Yser. Pour la première fois, un travail d’objectivation est fait sur des faits et des individus qui, en raison du cadre légal, politique et moral, échappent habituellement aux statistiques et ne bénéficient pas de politiques publiques adéquates. <br />Rapidement, l’enquête nous a permis de comprendre le rôle que devait jouer la sensibilisation, pour infléchir les systèmes à l’origine des violences. Mais son ampleur et sa complexité représentaient une limite à son impact : pour sensibiliser, il faudrait un support plus accessible au grand public. De nouveaux acteurs institutionnels furent identifiés pour financer un support vidéo, de manière à élargir le nombre de personnes touchées. Le questionnaire utilisé pour l’enquête est intégré au scénario et structure un court-métrage qui porte la voix de l’une des participantes. Sur une vingtaine de minutes, elle livre son histoire, sa vision de ce qui est à l'œuvre dans le quartier où elle travaille, son vécu, ses ressentis. <br />Une fois finalisés, ces deux supports ont produit des pistes d’actions : <br />- Le film a été projeté dans plusieurs cinémas de Bruxelles. A l’issue des séances, la protagoniste / participante présentait les résultats de l’enquête auprès de la chercheuse et d’un·e travailleur·se social·e de l’association. <br />- La presse généraliste et spécialisée a reçu l’enquête, un résumé et une invitation aux séances de projection. <br />- Les résumés de l’enquête ont été distribués lors de chaque projection. <br />- Les supports ont été mis à disposition dans différentes associations partenaires.<br />Outre ces actions de sensibilisation envers le grand public et les pouvoirs subsidiants, des pistes sont encore à l’état de projet :<br />- organiser une table ronde réunissant les différents acteurs du quartier concerné<br />- formaliser l’envoi de la version papier complète de l’enquête aux pouvoirs publics et différents intervenants <br />- faire vivre les témoignages, qui constituent la base de l’enquête, comme un support auto-portant en association avec des institutions culturelles, pour leur offrir un échos en dehors du secteur social. <br />Enfin, des pistes de réflexion sont aussi sorties de cette entreprise :<br />- Nos responsabilités éthiques vis-à-vis des personnes dont nous portons la voix<br />- L’impact de ces projets sur le travail social mené auprès des participantes.

Mots clés :

Bénéficiaire, Intervention sociale et travail social, Participation

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